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Hillary Clinton : «Des forces puissantes menacent de nous séparer»

Hillary Clinton a accepté l'investiture démocrate pour la présidentielle. Dans son discours, en clôture de la convention de Philadelphie, elle a appelé les Américains à rejeter la vision pessimiste de Donald Trump.

Hillary Clinton, dans son discours de clôture de la convention démocrate à Philadelphie, le 28 juillet. (AFP)
ParFrédéric Autran
Envoyé spécial à Philadelphie (Pennsylvanie)
Publié le 29/07/2016 à 11h02

Des discours, Hillary Clinton en a prononcé des centaines au fil d'une carrière publique de plus de 35 ans. A quatre reprises déjà, entre 1996 et 2008, elle avait pris la parole lors d'une convention du parti démocrate. Mais lorsque l'ancienne First Lady, sénatrice et secrétaire d'Etat est entrée hier soir sur la scène du Wells Fargo Center de Philadelphie, elle a dû ressentir un poids inédit. Celui de l'histoire. Première candidate d'un grand parti à la Maison Blanche, Hillary Clinton n'a plus qu'une marche à gravir pour réaliser le rêve d'une vie: faire voler en éclat le fameux «glass ceiling» («plafond de verre») en devenant la première femme présidente des Etats-Unis.

Comme Michelle et Barack Obama, comme Joe Biden et Bill Clinton plus tôt cette semaine, l'ancienne secrétaire d'Etat a dépeint l'élection du 8 novembre comme un choix crucial entre deux visions de l'Amérique. La sienne - optimiste et tolérante - et celle de Donald Trump - sombre et déclinante. «L'heure de vérité approche une nouvelle fois pour l'Amérique. Des forces puissantes menacent de nous séparer. Les liens de confiance et de respect s'effilochent, a mis en garde Hillary Clinton. Nous devons décider si nous allons travailler ensemble afin que nous puissions tous nous élever». Plus forts ensemble, «Stronger Together» : imprimé en lettres blanches sur fond bleu, le slogan de la candidate démocrate s'est affiché toute la semaine sur des milliers de pancartes, brandies par la foule.

Priorité à l'emploi et contexte sécuritaire tendu

Pour son premier discours officiel en tant que candidate, Hillary Clinton a promis de faire de l'emploi sa priorité absolue. La récente percée de Donald Trump dans les sondages, notamment dans les états industriels de la «Rust Belt» où le discours protectionniste du milliardaire séduit les ouvriers blancs, n'y est sans doute pas étrangère. «Ma mission en tant que président sera de créer plus d'opportunités et d'emplois solides avec des salaires à la hausse, en particulier dans des régions qui, depuis trop longtemps, ont été oubliées», a promis la candidate démocrate.

Alors qu'il a beaucoup été question d'unité au cours de cette convention démocrate, sur fond de scandale de parti pris de l'appareil du parti en faveur d'Hillary Clinton - révélé par Wikileaks -, l'ancienne secrétaire d'Etat a rendu un hommage appuyé à son rival Bernie Sanders. «Bernie, ta campagne a inspiré des millions d'Américains, en particulier des jeunes qui ont mis leurs coeurs et leurs âmes dans notre primaire. A tous tes supporters, ici et à travers le pays, je veux que vous sachiez : je vous ai entendus. Votre cause est notre cause. Notre pays a besoin de vos idées, votre énergie et votre passion», a lancé la candidate, déclenchant un tonnerre d'applaudissements. Elle a promis de faire sienne des mesures progressistes défendues par le sénateur du Vermont, comme l'augmentation du salaire minimum et la gratuité des études supérieures.

Enfin, dans un contexte sécuritaire tendu, exploité par Donald Trump pour attiser les peurs et promouvoir un repli de l'Amérique sur elle-même, l'ancienne secrétaire d'Etat a appelé les électeurs à faire confiance à son expérience. «Toute personne qui suit l'actualité peut voir les menaces et les turbulences auxquelles nous sommes confrontés. De Bagdad à Kaboul, de Nice à Paris, de Bruxelles à San Bernardino et Orlando, nous faisons face à des ennemis déterminés qui doivent être vaincus», a-t-elle souligné. Avant d'interpeller directement les Américains : «Posez-vous la question : Donald Trump a-t-il le tempérament pour être le commandant en chef ? Il perd son calme à la moindre provocation. Imaginez-le dans le Bureau ovale, confronté à une réelle crise. Un homme que vous pouvez énerver avec un tweet n'est pas un homme à qui on peut confier des armes nucléaires», a tonné l'ancienne First Lady.