«Pour moi, ce serait horrible si Donald Trump était élu, ce serait aussi horrible si c'était Hillary Clinton. Et c'est encore plus horrible que notre système électoral ne propose que deux alternatives mortelles, nous laissant choisir notre arme d'autodestruction.» Jill Stein, qui aspire à se présenter pour le Green Party (le Parti vert, dont la convention se tient en août) à l'élection présidentielle américaine, ne mâche pas ses mots quand il s'agit de décrire les candidats démocrate et républicain.
Médecin de profession, née à Chicago en 1950, elle s'est tournée vers la politique pour défendre les piliers idéologiques du Parti vert : «Démocratie par le bas, pacifisme, justice sociale, égalitarisme et sagesse écologique», telle qu'elle les décrit sur son compte Twitter. A ce stade de la campagne, elle est l'outsider principal à gauche, et fait campagne sur la ligne : «Ne votons pas pour le moins pire», comprendre Hillary Clinton. Beaucoup l'accusent ainsi de favoriser Donald Trump, en grignotant l'électorat démocrate.
✌ The Green Party's 4 Pillars: Grassroots Democracy, Non-Violence, Social Justice & Equal Opportunity, & Ecological Wisdom. 🌳
— Dr. Jill Stein🌻 (@DrJillStein) July 28, 2016
Stein ne bronche pas face à ces attaques. Le Parti vert a l'habitude. Lors de la présidentielle de 2000, leur candidat Ralph Nader avait obtenu environ 2,8 millions de voix. On lui avait alors imputé la défaite d'Al Gore, et donc la victoire de George W. Bush. Jill Stein, comme Nader, se pose comme une meilleure alternative aux partis traditionnels, auxquels une partie des Américains ne font plus confiance. Pour décrire le programme des écolos, elle n'hésite pas à lancer : «Pour résumer, nous sommes le seul parti qui n'accepte pas l'argent d'entreprises, de lobbyistes, et qui n'a pas de SuperPAC [ces organisations censément indépendantes tenues par les équipes de campagne des candidats, et qui peuvent récolter des dons illimités, ndlr].»
«Le plan B de Bernie»
La sexagénaire a brigué par deux fois le mandat de gouverneur dans l’Etat du Massachusetts, en 2002 et en 2010, sans succès. A l'élection présidentielle de 2012, elle avait alors obtenu 470 000 votes, mais compte faire mieux cette année. Au 28 juillet, différents sondages la créditaient de 3 à 5% de l’électorat, loin des 15% nécessaires pour participer aux débats télévisés aux côtés de Donald Trump et Hillary Clinton. Reste que la convention démocrate, et notamment le ralliement de Bernie Sanders à Hillary, pourrait lui profiter. Plusieurs supporteurs de l’ancien candidat à l’investiture démocrate ont ainsi annoncé qu'ils se tournent vers Jill Stein plutôt qu’Hillary Clinton.
Bernie supporter endorsing me from the DNC floor. The time for a #DemExit is now. Join us: https://t.co/m13B8Q9Ttahttps://t.co/id9p8tjb7a
— Dr. Jill Stein🌻 (@DrJillStein) July 27, 2016
Stein s'était dite très déçue lorsque le sénateur Sanders avait affirmé son soutien à la candidate démocrate, le 12 juillet, après sa campagne menée pour «une révolution politique». Au début du mois, elle avait proposé à Sanders de devenir le candidat officiel du Parti vert. Il leur a préféré le camp démocrate, par peur de voir Donald Trump sortir victorieux des urnes, le 8 novembre.
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Pour mettre toutes les chances de son côté, Jill Stein s'est rendue à la convention démocrate de Philadelphie, cette semaine, en Pennsylvanie. Pas à la convention officielle, mais à «la convention dans la rue». A la radio NPR, elle a déclaré clairement vouloir devenir «le plan B de Bernie». Elle pourrait bien y arriver, et ainsi pousser Hillary Clinton à adopter un programme plus progressiste.