Le camp des démocrates s’est donc rangé comme un seul homme derrière Hillary Clinton, et même au-delà, puisque le républicain Michael Bloomberg, ex-maire de New York, s’est joint aux partisans de la candidate. C’est une très bonne nouvelle qui donne soudain à la convention républicaine de la semaine dernière un côté un peu rance, désuni, très blanc et insupportablement masculin. Mais Hillary Clinton aurait tort de considérer ces vibrants soutiens comme un blanc-seing. Ce n’est pas la candidate elle-même qui a été applaudie à Philadelphie, c’est celle qui représente l’unique recours contre Trump. Si Bernie Sanders a tout donné cette semaine en sa faveur, après l’avoir férocement combattue pendant des mois, c’est uniquement parce qu’il voit le milliardaire républicain grimper dangereusement dans les sondages. Ses soutiens, eux, risquent d’avoir beaucoup moins de grandeur d’âme. Hillary Clinton va devoir aller les chercher avec les dents et l’antitrumpisme ne suffira pas à les convaincre. Il va falloir offrir davantage : une vision, un projet, et surtout une rupture, c’est ce qu’ont parfaitement compris Trump et Sanders.
Faire voler en éclats le «plafond de verre» en devenant la première femme présidente des Etats-Unis ? Formidable, beaucoup s’en réjouissent. Mais cela ne suffira pas non plus. Même si les Obama ont fait vibrer les foules, Hillary Clinton va devoir convaincre qu’elle ne cherche pas reproduire le système proche des élites dont elle est issue, déconnecté du peuple et rejeté par de nombreux Américains. Elle a commencé jeudi en se disant prête à «créer plus d’emplois solides avec des salaires à la hausse» pour redynamiser des «régions trop longtemps oubliées». Elle va devoir insister. Clinton a fait jusque-là une mauvaise campagne : elle n’a plus que trois mois pour s’imposer face à un Trump qui fait jeu égal dans les sondages.