Prenons garde à ne pas prendre nos désirs pour des réalités et un fléchissement pour un effondrement. Donald Trump a de nombreux défauts, que nous avons maintes fois soulignés, mais il faut lui reconnaître une qualité : il a de la ressource, son parcours en atteste. L’homme est malheureusement capable de tout, et pourquoi pas de redresser une courbe de popularité descendante. Il reste encore trois mois, et c’est parfois long, trois mois.
Avouons toutefois que l’éclatement de la bulle Trump nous soulage un peu en cet été marqué par l’omniprésence des forts en gueule, les Vladimir Poutine et autre Recep Tayyip Erdogan. Le «lâchage» dont le candidat républicain est l’objet de la part d’un nombre croissant de ses pairs est aussi soudain que spectaculaire. Pour que cinquante anciens hauts responsables républicains de l’appareil de sécurité nationale n’hésitent pas à écrire noir sur blanc que l’homme serait, s’il était élu, «le président le plus dangereux de l’histoire américaine» (ce qui n’est guère rassurant quand on pense à l’héritage de George W. Bush), c’est que l’heure est grave. Quelque part, ce retournement est rassurant. Il montre qu’attiser la peur de l’autre et de l’avenir peut être payant un temps - quoi de plus facile en cette période de troubles ? - mais que cela ne peut en aucun cas, dans un pays démocratique, constituer une politique.