En quête d'un second souffle, Donald Trump cherche à recentrer le débat sur la préoccupation principale des électeurs : l'économie, domaine où il s'estime mieux armé qu'Hillary Clinton. Lundi à Detroit (Michigan), il a détaillé son programme, assurant - dans une énième déclinaison de son slogan de campagne - de «make America grow again» («faire croître l'Amérique à nouveau»).
Pour doper la croissance, Trump promet un cocktail atypique. Certaines mesures - dérégulation, baisse généralisée de la fiscalité - s’inscrivent dans l’idéologie républicaine. Le milliardaire propose par exemple une réforme de l’impôt fédéral sur le revenu : trois tranches au lieu de sept, et un taux maximal réduit de 39,6 % à 33 %. Il veut aussi baisser de 35 % à 15 % l’impôt sur les sociétés. Enfin, reprenant une revendication de longue date du Parti républicain, il promet d’abolir la taxe sur les successions, qui ne concerne aujourd’hui que les fortunes supérieures à 5,5 millions de dollars (près de 5 millions d’euros).
A Detroit, berceau de l’automobile frappé de plein fouet par la désindustrialisation, Trump s’est à nouveau posé en grand défenseur des cols bleus, sur lesquels il mise beaucoup pour conquérir la Maison Blanche. L’homme d’affaires a renouvelé ses critiques à l’encontre des accords de libre-échange signés par les Etats-Unis. Il a promis de se retirer du TPP, le partenariat transpacifique conclu en 2015 par Barack Obama. Et s’est engagé à renégocier - ou à quitter - l’Alena, l’accord commercial avec le Canada et le Mexique, promulgué en 1994 par Bill Clinton.
Rupture
«Detroit est l'exemple vivant de l'échec de la politique économique de mon adversaire. Hillary Clinton a soutenu les accords commerciaux qui ont fait perdre à cette ville et à ce pays leurs emplois et leurs richesses», a martelé Trump. «Elle est la candidate du passé. Notre campagne est celle de l'avenir», a mis en garde celui qui enfile le costume du candidat de la rupture, le seul capable de remettre les usines et les mines de charbon et d'acier au travail. «L'américanisme, et non le mondialisme, sera notre nouveau credo», a-t-il déclaré.
Nettement distancé par Hillary Clinton au sein de l'électorat féminin (23 points de retard selon un récent sondage ABC-Washington Post), Trump cherche à courtiser les familles, en particulier les mères actives. Il propose ainsi que les frais de garde d'enfants, très élevés aux Etats-Unis, soient déductibles des impôts. Présentée comme un coup de pouce à la classe moyenne, cette mesure profiterait en réalité principalement aux ménages les plus aisés, qui paient davantage d'impôts et dépensent plus pour la garde de leurs enfants.
Enfin, comme souvent, le discours de Donald Trump a été ponctué d’approximations et de contre-vérités - sur le taux de chômage, l’impact d’Obamacare, la réforme de l’assurance maladie, ou sur la volonté d’Hillary Clinton d’alourdir la fiscalité pour la classe moyenne. Surtout, le candidat républicain n’a donné aucun détail sur la manière dont il compte financer ses baisses d’impôts colossales.
Déficit
Il assure qu'elles seraient compensées par une hausse de la croissance américaine, thèse jugée irréaliste par de nombreux experts. En décembre, le Tax Policy Center a estimé que le projet économique de Trump coûterait près de 10 000 milliards de dollars en dix ans et creuserait massivement le déficit public. «La plupart de ses propositions nuiraient à l'économie, feraient exploser les déficits, accéléreraient le changement climatique et isoleraient le pays du reste du monde», a résumé mardi le New York Times dans son éditorial.