«Les scientifiques ont trouvé ce qui s'est passé à 8h19, le 9 mars 2014, après que l'avion est tombé en panne de carburant, et que ses deux moteurs ont pris feu, d'abord le gauche, puis le droit quinze minutes après.» Mardi, le journal The Australian a assuré que le vol MH370, disparu entre Kuala Lumpur et Pékin avec 239 personnes à bord, a «plongé à grande vitesse» depuis «une altitude de 10 600 mètres» dans l'océan Indien, à l'intérieur de la zone de recherche actuelle. Pourtant, malgré l'assurance des propos rapportés par le journaliste australien, l'énigme est loin d'être résolue.
Sur quoi se base l’article ?
Brendan Nicholson, l’auteur de l’article, se base sur la communication des conclusions d’un rapport scientifique du département de la Défense australienne, qui a analysé les signaux automatiques envoyés par l’avion, et sur les simulations effectuées par le constructeur américain Boeing.
À lire aussi :
Les enquêteurs particuliers du MH370
Après qu’il a quitté sa route normale, l’appareil a continué à envoyer des signaux automatiques à un satellite, un par heure durant six heures. Puis un septième, quelques minutes après le sixième, qui pourrait avoir été déclenché par une coupure électrique. C’est à partir de celui-ci que les ingénieurs de Boeing ont essayé de reconstituer les derniers moments de l’appareil. Soit une descente en dents de scie à une vitesse comprise entre 12 000 à 20 000 pieds par minute (220 à 365 km/h), l’avion prenant de la vitesse dans sa chute, se redressant naturellement un moment avant de replonger et de se disloquer au contact de l’eau.
Ces données sont-elles nouvelles ?
Pas du tout, elles sont connues depuis le tout début de l'enquête. Mais les signaux enregistrés par les satellites sont très succincts, et ne permettent pas de déterminer avec précision la vitesse et la route de l'appareil. Selon Gilles Diharce, contrôleur aérien qui prépare un livre sur l'affaire, «pour en tirer une trajectoire qui pourrait être fiable, il faut connaître la vitesse de l'avion et son altitude. Or ces données, on ne les connaît pas et on ne peut pas les connaître. Il a donc fallu faire des suppositions de vitesse et d'altitude pour pouvoir dessiner une trajectoire à peu près correcte mais imprécise tout de même, en supposant que l'avion a volé en ligne droite entre deux positions rapportées espacées d'une heure». Et surtout, leur interprétation se base sur l'hypothèse que l'avion a continué tout droit, en pilotage automatique, après avoir été détourné manuellement de sa route, jusqu'à ce qu'il tombe en panne de carburant. Ce qui est possible mais pas prouvé, puisque nul ne sait pour l'instant ce qui s'est passé à l'intérieur du cockpit.
Y a-t-il d’autres hypothèses ?
La seule certitude est que le Boeing s'est bien crashé dans l'océan Indien, depuis qu'un de ses flaperons a été retrouvé sur une plage de l'île de la Réunion, en juillet 2015. Aucun autre débris n'a encore été formellement identifié, même si un morceau d'aile retrouvé le 1er juillet dernier, en Tanzanie, a été présenté par un ministre australien comme appartenant «très probablement» au MH370. La semaine dernière, un ancien enquêteur canadien, très réputé dans le milieu, assurait que l'analyse du flaperon prouvait une intervention humaine sur les volets de l'avion, affirmant que «quelqu'un pilotait l'avion jusqu'à la fin», supposant un amerrissage contrôlé. La police malaisienne semble avoir écarté l'idée que le pilote est à l'origine du détournement et des changements de direction effectués ensuite. Le rapport des autorités malaisiennes précise que s'il avait bien simulé cette trajectoire sur son ordinateur personnel, ce n'était qu'une parmi d'autres.
Pourquoi toutes ces informations contradictoires ?
Il y a deux semaines, les gouvernements chinois, malaisien et australien, annonçaient la prochaine fin des recherches, «sauf information nouvelle». La quasi-totalité de la zone de 120 000 km2 définie a été ratissée, en vain. Accepter l'hypothèse qu'une personne aux commandes jusqu'à la fin aurait coupé les communications radio et mis les volets en position d'amerrissage obligerait à redéfinir la zone des recherches.
À lire aussi :Chine : «Si nous avions une preuve de vie ou de mort, la procédure aurait été plus rapide»
Une décision que redoutent les autorités, qui ont déjà investi 120 millions d’euros. Mais souhaitée par les familles de victimes, la fédération australienne de pilotes et les chercheurs indépendants. Et par tous ceux qui aimeraient voir résolu ce qui reste encore le plus grand mystère de l’aviation civile.