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Libération
Course à la Maison Blanche

Contre le terrorisme, Trump veut un «filtrage extrême» de l'immigration

Pour vaincre le groupe Etat islamique, le candidat républicain à la Maison Blanche promet des «tests idéologiques» et une «nouvelle approche» avec les alliés des Etats-Unis.
Le candidat républicain Donald Trump lors de son discours à la convention républicaine le 21 juillet 2016, à Cleveland (Photo Timothy A. CLARY . AFP)
publié le 16 août 2016 à 8h32

Une nouvelle approche… inspirée de la guerre froide. Voilà ce qu'a proposé lundi Donald Trump dans un discours de politique étrangère presque intégralement consacré à la lutte contre le terrorisme. «Pendant la guerre froide, nous avions un test de dépistage idéologique. Il est grand temps de mettre en place un nouveau test de sélection adapté aux menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui», a déclaré le candidat républicain à la Maison Blanche. S'il est élu, Trump promet un «filtrage extrême» des migrants désirant se rendre aux Etats-Unis. «Seuls ceux que nous pensons capables de s'épanouir dans notre pays et de se fondre dans la société américaine tolérante devraient recevoir un visa. Ceux qui soutiennent les préjugés et la haine ne seront pas admis», a ajouté l'homme d'affaires, sans préciser comment il comptait s'assurer de la sincérité des candidats.

Dans la foulée des attentats de Paris et San Bernardino (Californie), le magnat de l'immobilier avait suggéré d'interdire jusqu'à nouvel ordre l'accès des Etats-Unis à tous les musulmans. Face au tollé suscité par un tel plan – qui serait contraire, entre autres, à la Constitution américaine –, le candidat républicain a édulcoré sa proposition en évoquant désormais des exclusions sur une base régionale et non plus religieuse. Dans son discours lundi à Youngstown (Ohio), il a répété sa promesse de «suspendre l'immigration originaire de certaines régions du monde les plus instables et dangereuses, qui ont des antécédents d'exportation du terrorisme».

Après avoir entamé son propos par un long rappel des récents attentats aux Etats-Unis et en Europe – du marathon de Boston aux attentats de Paris, en passant par Orlando, Bruxelles, San Bernardino et Nice –, Donald Trump a accusé Barack Obama et sa rivale Hillary Clinton d'avoir créé le vide ayant permis au terrorisme de prospérer. «La montée en puissance du groupe Etat islamique est le résultat direct des décisions politiques faites par le président Obama et la secrétaire d'Etat Clinton», a-t-il dit. Visiblement nostalgique des régimes autoritaires en Syrie, en Libye et en Egypte, il a souligné que ces trois pays étaient stables à l'arrivée au pouvoir d'Obama.

Une semaine après un discours sur l'économie, cette intervention formelle sur la politique étrangère visait un double objectif : sortir la campagne Trump d'une spirale très négative générée notamment par plusieurs déclarations controversées, et contrer les attaques de ceux – démocrates comme républicains – qui estiment que le magnat de l'immobilier n'a ni les connaissances ni le jugement pour diriger les Etats-Unis.

Pour Joe Biden, Trump «absolument pas qualifié»

Désireux de marquer une rupture entre lui et l'ère Obama, à laquelle il associe étroitement Clinton, Trump a promis une «nouvelle approche», basée sur une redéfinition des alliances. «Notre nouvelle approche, qui doit être partagée par les deux partis politiques américains, par nos alliés et par nos amis au Moyen-Orient, doit être de stopper l'extension de l'islam radical, a-t-il expliqué. Toutes nos actions devraient être orientées autour de cet objectif, et tout pays qui partage cet objectif sera notre allié». Y compris, donc, la Russie, avec qui Trump assure pouvoir trouver un «intérêt commun» dans la lutte contre l'Etat islamique.

Parmi les pistes avancées par Trump pour vaincre Daech figurent toutefois peu de nouveautés. Il promet d'organiser une conférence internationale et de créer une commission sur l'islamisme radical. Il suggère de travailler avec les alliés arabes, de couper les financements du terrorisme et de lutter contre le recrutement en ligne, autant de mesures déjà mises en place par l'administration Obama. Il propose enfin de couper «immédiatement» l'accès à Internet aux groupes terroristes, une mesure qui risquerait de priver les services de renseignement de précieuses informations.

Quelques minutes avant le discours de Donald Trump, le vice-président, Joe Biden, qui faisait sa première apparition de campagne aux côtés d'Hillary Clinton, a sévèrement éreinté le candidat républicain, affirmant qu'il n'était «absolument pas qualifié» pour devenir président des Etats-Unis. «Les gens disent qu'il n'a pas le tempérament. Je me sentirais mieux si c'était l'unique chose dont il manquait, a ironisé Joe Biden. Aucun candidat d'un grand parti dans l'histoire américaine n'a eu aussi peu de connaissances, ou n'a été moins préparé pour s'occuper de notre sécurité nationale», a-t-il mis en garde dans sa ville natale de Scranton, en Pennsylvanie, l'un des états clés de la présidentielle de novembre. Donald Trump «ne comprend pas les enjeux», a conclu le vice-président.