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Libération
Vers la Maison Blanche

Rendre Trump «présidentiable» : une stratégie qui a échoué

Englué dans les polémiques, plombé dans les sondages, le candidat républicain remanie à nouveau son équipe. Et envoie un message clair : pas question de modifier son comportement d’ici novembre.

Donald Trump à Erie (Pennsylvanie), vendredi. (Photo Jeff Swensen. AFP)
ParFrédéric Autran
Correspondant à New York
Publié le 17/08/2016 à 18h30

Officiellement, les changements opérés au plus haut niveau de la campagne Trump visent uniquement à solidifier l’état-major du candidat pour la dernière ligne droite avant l’élection. En pratique, pourtant, ce second bouleversement en l’espace de deux mois – après le limogeage en juin de son premier directeur de campagne, Corey Lewandowski – marque la fin de la stratégie visant à rendre le magnat de l’immobilier plus «présidentiable».

Le principal changement est la nomination au poste de directeur général de Stephen Bannon, figure conservatrice qui dirige Breitbart News, l'un des sites préférés de la droite extrême et complotiste américaine. Cet ancien banquier chez Goldman Sachs, qui n'a aucune expérience en matière de campagne électorale, a au moins deux points communs avec Donald Trump : son style bagarreur et son mépris pour l'establishment politique, y compris républicain. Aux côtés de Bannon est promue Kellyane Conway, une sondeuse et stratège républicaine embauchée en juillet pour conseiller Trump sur l'électorat féminin. Elle devient directrice de campagne et devrait arpenter le terrain avec le milliardaire.

«Je suis ce que je suis»

Dans ce jeu de chaises musicales, Paul Manafort apparaît comme le grand perdant. Il conserve certes ses titres de «président» et «chef de la stratégie» de la campagne. Mais sous couvert d'anonymat, plusieurs membres de l'entourage de Donald Trump reconnaissent que le stratège républicain, recruté au printemps pour tempérer le candidat, est tombé en disgrâce. «M. Trump ne lui fait plus confiance, purement et simplement», explique une source à CNN. Manafort, 67 ans, paie aussi peut-être les récentes révélations du New York Times sur sa possible implication dans un scandale de corruption en Ukraine, à l'époque où il conseillait l'ex-président ukrainien prorusse, Viktor Ianoukovitch.

Alors que le milliardaire compte en moyenne six points de retard sur Hillary Clinton dans les sondages nationaux, les rares républicains qui espéraient encore voir émerger un candidat Trump assagi, au comportement et aux propos plus modérés, vont à leur tour devoir se faire une raison. Il n'y a qu'un seul Donald Trump, le populiste, le volcanique, l'anti-système. Et il entend bien conserver jusqu'au bout le style outrancier qui lui a permis de remporter les primaires républicaines. «Je suis qui je suis, a déclaré Trump mardi soir dans une interview. C'est moi. Je ne veux pas changer. […] Si vous commencez à vous transformer, vous n'êtes pas honnête avec les gens.»