Malgré son visage et son petit corps rouges de sang et de contusion, la photo d’Omran, 5 ans, rescapé d’un bombardement à Alep, peut être soutenue du regard. A la différence des dizaines d’autres enfants ensanglantés, dépecés, estropiés que l’on peut voir tous les jours sur les réseaux sociaux, celui-ci, légèrement blessé, a les yeux ouverts. Il a eu la chance d’être dégagé entier de sous les décombres de sa maison après un raid aérien sur le quartier de Qaterji, à l’est d’Alep. La vidéo qui montre le sauvetage du garçon par des secouristes syriens a fait le tour du monde. Et cette photo tient du symbole d’une ville-martyre.
«Une catastrophe humanitaire sans précédent»
Les frappes contre la partie d'Alep contrôlée par l'opposition syrienne se sont encore multipliées et intensifiées ces derniers jours. Les bombardiers russes, relayant l'aviation de Bachar al-Assad, s'emploient à rétablir par les airs le siège d'Alep, brisé au sol par l'offensive rebelle le 8 août. Ils font quotidiennement des dizaines de morts parmi les quelque 300 000 habitants des quartiers déjà à terre de la deuxième ville syrienne.
Cela fait des années, des mois, des semaines que le carnage se répète dans une guerre qui a fait plus de 290 000 morts et jeté des millions de Syriens sur les routes de l'exil. Les cris d'alarmes, comme celui lancé mercredi par Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l'ONU, qui évoque «une catastrophe humanitaire sans précédent» à Alep, n'y changent rien.
Bras de fer
Le grand médiateur pour la Syrie, Staffande Mistura, tente pour l'instant d'obtenir une trêve des combats de quarante-huit heures à Alep, a priori acceptée jeudi par la Russie. Alors qu'aura lieu ce vendredi la journée mondiale de l'aide humanitaire, il déplore qu'aucun convoi n'a pu atteindre les localités assiégées depuis un mois. «Pas un seul convoi. Pourquoi ? En raison des combats. Il n'y a pas de raison d'avoir une réunion humanitaire à moins qu'il y ait du mouvement sur le plan humanitaire en Syrie…»
Devenu le principal enjeu pour du conflit entre le régime syrien et ses alliés russe et iranien d’une part et des insurgés islamistes locaux de l’autre, Alep et sa population sont broyés dans le bras de fer. L’image du petit Omran vient rappeler la ville au souvenir du monde qui ne veut plus rien voir ni savoir d’Alep, qui n’en finit pas de souffrir et de mourir.