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En Californie, des forêts de braise

17 000 pompiers luttaient vendredi contre une trentaine de gigantesques incendies avalant des dizaines d'hectares de forêts et rasant des centaines de bâtiments dans plusieurs Etats américains, particulièrement en Californie.

Près de Wrightwood, en Californie, mercredi. (Photo Robyn Beck. AFP)
ParFrédéric Autran
correspondant aux Etats-Unis
Publié le 19/08/2016 à 19h31

Les experts californiens avaient prédit un été désastreux sur le front des feux de forêt. Sans grande surprise, ils avaient vu juste. Transformé en poudrière par cinq ans d'une sécheresse sans précédent, le «Golden State» est à nouveau la proie des flammes. Depuis le début de l'année, et alors que la saison des incendies devrait se poursuivre au moins jusqu'en octobre, 4 600 feux ont déjà dévasté plus de 120 000 hectares. Cette semaine, le redoutable Blue Cut Fire (d'après le nom du chemin de randonnée d'où il a débuté) focalise l'attention et les inquiétudes. Avalant à une vitesse vertigineuse les montagnes du comté de San Bernardino, à une centaine de kilomètres à l'est de Los Angeles, il restait vendredi largement hors de contrôle. En seulement trois jours, il a brûlé près de 15 000 hectares, détruit de nombreux bâtiments et forcé plus de 82 000 personnes à évacuer les lieux. Face à la progression extrêmement rapide des flammes, certains ont dû fuir en abandonnant tout derrière eux. Réfugiés chez des proches ou dans des centres d'hébergement d'urgence, de nombreux habitants ignorent s'ils auront une maison où revenir.

Photo Ringo Chiu. AFP

La trajectoire erratique du Blue Cut Fire, attisé par des rafales de vent à plus de 50 km/h et un mercure dépassant les 40 degrés, empêche pour l'heure d'évaluer les dégâts de manière fiable. Partout en Californie - mais aussi dans l'Idaho, l'Oregon, le Nouveau-Mexique ou l'Etat de Washington -, des milliers de pompiers sont à pied d'œuvre : 2 700 sont par exemple mobilisés pour tenter de venir à bout du Soberanes Fire, déclenché le 22 juillet par un campeur dans la région de Big Sur, entre Los Angeles et San Francisco. Près d'un mois plus tard, l'incendie, qui a ravagé 33 000 hectares de forêt - plus de trois fois la superficie de Paris - n'est maîtrisé qu'à 60 %. En plus des flammes, les soldats du feu ont dû faire face à des hommes armés cherchant à leur barrer l'accès à certaines zones isolées. Ces derniers protégeaient des cultures illégales de cannabis. Plus de 17 000 plants ont été détruits par la police, en plus de ceux ravagés par les flammes. Pour la plupart des experts, le rôle du changement climatique dans ces feux à répétition est indéniable. En accélérant l'évaporation, la hausse des températures assèche la végétation. Une récente étude réalisée par un climatologue de l'Université de Californie conclut que, depuis la fin des années 70, le nombre d'incendies de forêt dans l'Ouest américain a progressé de 500 %. Et la surface détruite de 1 000 %.

Photo Kent Porter. AFP

Photo Ringo Chiu. AFP