Depuis qu'elle a été écartée de l'antenne en Egypte en raison de son surpoids, avec sept de ses consœurs, Khadija al-Khattab a acquis une célébrité internationale. En robe rose ou léopard, elle a multiplié les interviews sur les chaînes de télé et dans divers journaux arabes. «Je ne suis pas bouleversée par le principe de cette recommandation à surveiller notre ligne. Nous avions régulièrement des directives internes dans ce sens. Mais c'est la brutalité de la décision et la publicité faite autour qui sont humiliantes», a affirmé la présentatrice d'une émission culturelle sur la principale chaîne publique.
A l’origine du tollé, la nouvelle présidente de la Radio-télévision égyptienne, Safa Hijazi, qui a imposé un mois de suspension d’antenne et de régime à ses vedettes trop enveloppées à son goût. Qu’elle soit une femme ne l’a pas protégée des accusations de misogynie et de discrimination.
Mais la polémique qui se propage depuis une dizaine de jours dans la presse et les réseaux sociaux égyptiens soulève désormais des questions sur le problème plus global de l’obésité dans le pays. Car 75 % des femmes et 61 % des hommes y sont en surpoids, selon une étude du ministère égyptien de la Santé. Et les Egyptiennes figurent en tête des obèses en Afrique et dans le monde arabe, d’après une organisation sud-africaine. Principale raison à cela, une alimentation du pauvre à base de féculents et de sucre. La célèbre tamiya (falafel), mélange de fèves et de pois chiches frits, est le petit-déjeuner national classique, avec du thé très noir et très sucré. Les mauvaises habitudes alimentaires de nombre d’Egyptiennes qui passent leur temps à grignoter accentuent le problème.
Et en pleine affaire des présentatrices, un autre scandale touchant au poids des Egyptiennes a éclaté. Un club de gym du Caire a lancé une campagne, avec pour affiche la photo d'une poire, commentée par le slogan «pas une bonne forme pour une fille.» Franchise d'une chaîne américaine, la salle de sports s'est aussitôt vu retirer sa licence.
Pour autant, les discriminations et les moqueries sur leur poids ne semblent pas vexer outre mesure les Egyptiennes. «Je ne considère pas mon apparence comme rebutante à l'antenne, a jugé Khadija al-Khattab. Après tout, nous ressemblons à la plupart des femmes égyptiennes et elles ne sont pas repoussantes du tout.»