Enamont du sommet annuel du G20 à Hangzhou, en Chine (4 et 5 septembre), 130 investisseurs internationaux appellent, dans une lettre adressée aux Etats membres du groupe, à ratifier l'accord de Paris sur le climat avant la fin de l'année. Ces investisseurs institutionnels représentent 13 000 milliards de dollars (soit 11 519 milliards d'euros) d'actifs. On y trouve, entre autres, le groupe Axa et sa filiale Axa Investment Managers, BNP Paribas Investment Partners, HSBC Global Asset Management, plusieurs fonds de pensions américains, suédois et britanniques, et les Eglises de Suède et d'Irlande.
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Actuellement, seulement 23 pays ont ratifié l'accord issu de la COP 21 de Paris, stipulant la nécessité de contenir «l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels», et ceux-ci ne représentent que 1,1 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la planète. Le traité ne pourra entrer en vigueur que si 55 pays représentant au moins 55 % des émissions de GES ratifient l'accord. Actuellement, aucun membre du G20 ne l'a fait. Si la France l'a ratifié mi-juin, cela n'est pas pris en compte tant que chaque pays de l'UE et le Parlement européen n'ont pas approuvé le texte.
Envoyer un signal clair aux investisseurs
Pour Stéphanie Pfeifer, PDG du groupe d'Investisseurs institutionnels sur le changement climatique (IIGCC), à l'initiative de la lettre, «l'accord de Paris, s'il est ratifié, donnerait un signal clair aux investisseurs sur la transition vers une économie des énergies propres qui est inévitable».
Ces 130 investisseurs demandent justement aux pays du G20 de doubler les investissements dans les énergies propres d'ici à 2020, comme l'a recommandé en janvier Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies. Enfin, ils réclament que ces leaders étatiques poussent les régulateurs financiers à exiger des entreprises plus de transparence sur les risques financiers liés au climat, et que les Etats appliquent de manière prioritaire les ambitions des contributions nationales sur la mise en œuvre de l'accord, présentées pour la COP 21.
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«Le G20 doit encourager les secteurs public et privé à travailler ensemble sur une meilleure protection environnementale et sur l'implantation de régulations pour cela, interpelle Fiona Reynolds, directrice gestionnaire des Principes pour l'investissement responsable (PRI), un lobby international. Des incitations et des plans politiques doivent être mis en place pour que les capitaux privés approvisionnent plus librement les investissements verts.»
LaChine et les Etats-Unis pourraient bientôt ratifier l’accord
Comme en réponse à ces interpellations, deux jours après la publication de cet appel, le South China Morning Post indiquait que la Chine et les Etats-Unis annonceraient conjointement, le 2 septembre, la ratification de l'accord de Paris.
Les deux puissances représentaient, en 2012, environ 38 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète, selon le World Resources Institute. En ratifiant l'accord, Pékin et Washington pourraient créer un effet d'entraînement vers la mise en œuvre de l'accord de Paris comme un traité internationalement contraignant. Les travaux pour son application devraient se poursuivre lors de la COP 22, organisée du 7 au 18 novembre à Marrakech.