Lundi matin, un attentat- suicide à la voiture piégée a tué au moins 71 personnes et blessé une centaine d’autres à Aden, dans le sud du Yémen. L’attaque a été perpétrée contre un centre de recrutement de l’armée. Elle a été revendiquée par l’Etat islamique via l’agence Amaq, son organe de communication.
Cette attaque est l'une des plus meurtrières depuis le début du conflit au Yémen, en mars 2015, qui oppose les forces loyalistes sunnites, soutenues par la coalition menée par l'Arabie Saoudite et les rebelles chiites houthis, liés à l'Iran. Les forces gouvernementales contrôlent le Sud, alors que les rebelles ont la main sur la capitale, Sanaa, et sur le Nord. C'est un «conflit de pouvoir, de légitimité, plus que d'opposition entre chiites et sunnites», précise Franck Mermier, chercheur au CNRS. Aden a été proclamée capitale provisoire après avoir été reprise aux rebelles chiites houthis en juillet 2015.
Les organisations comme Al-Qaeda dans la péninsule arabique (Aqpa) ou l'EI profitent de ce conflit pour multiplier les attaques dans le sud du pays. Les forces de l'ordre et les organisations politiques en sont les cibles. «L'ambition territoriale d'Al-Qaeda au Yémen est claire, car l'organisation contrôle des régions dans le sud du pays», précise Franck Mermier. Ce qui n'est pas le cas de l'EI aux positions «très floues» : «S'il frappe un gros coup à Aden c'est pour toucher la force légitime et montrer sa présence.» En mai, l'Etat islamique avait revendiqué deux attaques, l'une contre des recrues de l'armée qui avait fait 41 morts, l'autre contre des recrues de la police à Moukalla (41 morts aussi).
Selon l’ONU, 6 400 personnes ont été tuées et plus de 3 millions se sont déplacées depuis le début du conflit.