«Ne portez pas de jupes ou de robes trop courtes, ne vous aventurez pas seule la nuit dans les petites villes.» Voici le message adressé dimanche par le ministre du Tourisme indien, Mahesh Sharma, à l'attention des étrangères en vacances. Lors de cette conférence de presse, il a évoqué la sécurité des touristes dans la ville d'Agra au nord de l'Inde, où se situe le Taj Mahal. L'occasion de reparler d'un «kit de bienvenue» distribué dans les aéroports depuis 2015, qui contient des conseils pour les femmes.
Ces kits exposent des consignes sous la forme de «do's and don't» (à faire / à ne pas faire), dont : «Ne vous aventurez pas seule la nuit, prenez en photo la plaque d'immatriculation du véhicule dans lequel vous voyagez et envoyez-la à des amis», a expliqué le ministre, évoquant «des petites choses». Parmi les autres conseils du kit, on trouve des remarques telles que : «Dans les petites villes d'Inde, subsistent des styles vestimentaires traditionnels. Renseignez-vous sur les coutumes locales avant de visiter ces endroits». Le Guardian rappelle à ce titre qu'un conseil similaire avait été donné par le ministère des Affaires étrangères britannique, appelant ses ressortissants en voyage en Inde à «respecter les codes vestimentaires locaux et éviter les zones isolées».
Pas de burkini en France, pas de jupe en Inde
France shd send all burkinis it confiscates to our Tourism Minister who'll turn India into a Hindu Saudi Barbaria https://t.co/o5XudSXzh3
— Shekhar Gupta (@ShekharGupta) August 29, 2016
(La France devrait envoyer tous les burkinis qu’elle confisque à notre ministre du Tourisme, qui va transformer l’Inde en Barbarie Saoudite Hindoue)
In France women are told to strip, in India to cover. Any chance THEY can decide how to dress? #burkini #skirt https://t.co/INbXXdCNSl
— Diego Maiorano (@diegoemme) August 30, 2016
(En France on demande aux femmes de se déshabiller, en Inde de se couvrir. Y-a-t-il une chance qu'ELLES décident comment s'habiller ?)
Sreemoy Talukdar, journaliste pour le site web indien FirstPost a dénoncé des «propos misogynes». Ranjana Kumari, directrice du think tank pour l'égalité des sexes du Centre des recherches sociales, a pour sa part confié au Guardian qu'il s'agissait «de propos stupides, non réfléchis […] qui accusent les femmes, alors que le problème en Inde vient des hommes et des garçons».
36 000 viols rapportés par an
L'Inde est en effet un pays où le viol constitue un réel problème de société, médiatisé notamment après le viol collectif d'une étudiante à New Delhi en 2012. Suite à ce drame qui a coûté la vie à la jeune fille de 23 ans, la justice indienne a adopté une loi «antiviol» en mars 2013. Elle prévoit de condamner les violeurs à la prison à perpétuité, et en cas de décès de la victime, à la peine de mort. Mais la définition du viol énoncée dans cette loi reste limitée et ne reconnaît pas le viol conjugal par exemple.
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Mahesh Sharma a précisé lors de sa déclaration, que ces conseils aux femmes touristes étaient «pour leur propre sécurité», en ajoutant que «la culture indienne est très différente de celle du monde occidental». Le ministre indien a affirmé ne pas vouloir «donner d'instructions spécifiques sur ce que les femmes doivent porter, juste leur demander de prendre des précautions». Et d'ajouter: «Je suis père de deux filles... je ne dirais jamais aux femmes ce qu'elles doivent porter ou non». Mais si elles peuvent éviter les jupes, c'est quand même mieux.