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Libération
Interview

Tafta : «Poursuivre les négociations serait une preuve du déni démocratique de l’UE»

Questions à Thomas Porcher
publié le 30 août 2016 à 21h21

Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a annoncé mardi que la France demandait l'arrêt des négociations sur le Tafta, ce projet de traité de libre-échange controversé entre l'Union européenne et les Etats-Unis. L'analyse de Thomas Porcher, économiste et professeur associé à la Paris School of Business.

Cette annonce est-elle si importante ?

Nous voyons que les plus grosses parties prenantes de ce traité freinent le processus. Aux Etats-Unis, le candidat républicain, Donald Trump, s’y opposait déjà fermement. Sa concurrente, Hillary Clinton, tient une position mitigée. Elle déclare ne pas vouloir ratifier le traité parce qu’il ne présente pas assez d’avantages pour l’économie américaine. Le ministre allemand de l’Economie, Sigmar Gabriel, a aussi déclaré s’y opposer. Aujourd’hui, c’est au tour de Matthias Fekl. Si les mots se concrétisent en actes, le mandat de négociations devrait donc s’arrêter, même si Bruxelles assure que les discussions avancent.

Quelles sont les raisons de cette prise de position ?

Depuis le début des négociations, les Américains refusent de céder, notamment sur les marchés publics américains. Ils veulent les réserver à leurs propres entreprises alors que les Européens étaient prêts à céder sur beaucoup d’autres aspects. La forte mobilisation citoyenne en Allemagne, en France et aux Etats-Unis a également joué un rôle. Le calendrier électoral joue aussi contre le calendrier des négociations. S’il n’y avait pas eu la présidentielle américaine, les négociations autour du Tafta auraient continué tranquillement, malgré les mobilisations.

Quelle vont être les suites d’une telle annonce ?

Au vu des déclarations, cela serait un très mauvais signal de poursuivre les négociations en octobre. Il s’agirait d’une preuve supplémentaire du déni démocratique de la bureaucratie européenne, ce qui serait catastrophique pour l’image de l’Union.