Le Brésil a tourné la page Dilma Rousseff. Le Sénat brésilien a voté mercredi, à 61 voix contre 20, sa destitution, écourtant le second mandat présidentiel de la protégée de Lula. La première femme à avoir gouverné le pays est accusée d’avoir engagé des dépenses sans aval parlementaire et maquillé les comptes publics pour masquer les déficits. Un autre vote lui a épargné l’inéligibilité pour huit ans.
La jeune démocratie brésilienne ne sort pas grandie de cette épuisante procédure, qui aura duré neuf mois. La belle prestation de la présidente, lundi, devant le Sénat qu'elle avait courageusement choisi d'affronter alors que sa présence n'était pas obligatoire, n'aura été qu'un baroud d'honneur pour la postérité. Plus de onze heures durant, elle a répondu à ses «juges», se défendant de toute irrégularité et mettant en garde contre un «coup d'Etat» au cas où «une innocente serait condamnée». Dilma Rousseff avait même paru, note un éditorialiste, «intimider» ses adversaires.
Ironie du sort : alors qu’un bon tiers des sénateurs est accusé ou soupçonné de pratiques délictueuses, ce n’est pas pour corruption qu’ils ont jugé la présidente, mais pour des pratiques comptables employées impunément par ses prédécesseurs. D’où le sentiment d’injustice.
La disgrâce de Dilma Rousseff divise les Brésiliens. «Préparez-vous à une guerre civile», a lancé le sénateur de gauche Roberto Requião, pour qui la population n'acceptera pas de payer le prix des mesures d'ajustement économique prévues par le nouveau président, Michel Temer.