Ce mercredi à 10 h 05 (16 h 05 en France), le vol JetBlue 387 a décollé de l’aéroport de Fort Lauderdale, en Floride, atterrissant cinquante-cinq minutes plus tard sur le petit aéroport de Santa Clara, au centre de Cuba. Le moment est historique : depuis 1961, aucune compagnie commerciale américaine n’avait établi une telle liaison en raison de la rupture des relations entre les deux pays et de l’embargo voté en 1962 par les Etats-Unis, dans l’espoir d’asphyxier l’économie de l’île.

Les 160 fauteuils de l'Airbus A320 étaient occupés et les passagers ont témoigné sur les réseaux sociaux de l'ambiance de fête qui entourait l'événement, suivi par de nombreuses équipes de télévision. Dans la salle d'embarquement, où s'était déplacé l'ambassadeur de Cuba à Washington, un groupe musical jouait des classiques cubains tels que Guantanamera ou Chan Chan de Compay Segundo. Les passagers se sont vus offrir des cupcakes et l'appareil n'a pas été oublié puisqu'il a reçu un baptême symbolique, sous la forme d'un arrosage par une lance à incendie.

Jusqu’à présent, seule une agence de voyages était habilitée à affreter des vols charter vers l’île, essentiellement pour permettre les voyages familiaux des Cubains installés aux Etats-Unis. Un accord conclu en février entre Washington et La Havane, dans la foulée de leur rapprochement engagé en décembre 2014, prévoit à terme 110 vols quotidiens entre les deux pays. Une dizaine de compagnies américaines ont reçu des licences pour opérer vers sept aéroports cubains. JetBlue et Silver commencent cette semaine. Frontier, Southwest et Sun County les rejoindront à la fin de l’année.

Les autres attendent que les citoyens américains soient autorisés à voyager librement vers l’île communiste, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le département d’Etat, qui veille au respect de l’embargo, a défini douze exemptions à la loi : sont autorisés les voyages à caractère familial, les échanges culturels, humanitaires ou religieux. Les hommes d’affaires et les journalistes font eux aussi partie des catégories autorisées. Il reviendra au Congrès issu des élections du 8 novembre de voter pour ou contre les sanctions contre Cuba.

La principale conséquence de l’ouverture du ciel au-dessus du détroit de Floride sera la baisse des tarifs : les passagers de Jet Blue ont payé 210 dollars (188 euros) le billet aller-retour, alors que les vols charters coûtaient entre 400 et 600 dollars.