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Libération
EDITORIAL

Conviction

Publié le 04/09/2016 à 20h41

«Wir schaffen das». Cette affirmation qu'Angela Merkel décline depuis un an, signifiant «nous y arriverons», et sa décision d'ouvrir ses frontières aux réfugiés, prend de plus en plus des allures de mantra relevant de la méthode Coué. En tout cas, c'est ainsi qu'elle est perçue chez les électeurs allemands qui lui font de moins en moins confiance. Sa cote de popularité a chuté fortement durant l'été - même si certains dirigeants européens rêveraient d'avoir encore autant d'opinions favorables - alors que se pose, pour elle, la question d'un quatrième mandat l'an prochain. Elle qui a été si souveraine voit son trône vaciller. Et ce n'est une bonne nouvelle pour personne, l'Union européenne en tête. Le scrutin régional du Mecklembourg-Poméranie occidentale, qui a conforté dimanche l'expansion du parti populiste et anti-migrants AfD, est symptomatique d'un mal qui concerne toute l'Europe. C'est la seule question des réfugiés qui a pesé sur le vote, dans une région pourtant peu exposée à cette problématique. Mais l'arrivée d'un million de demandeurs d'asile dans tout le pays et les deux attentats revendiqués par l'Etat islamique en juillet sont passés par là. Une partie de l'opinion publique, inquiète et lasse de voir son pays seul à supporter le fardeau, désapprouve désormais la main tendue aux migrants. Si Angela Merkel se retrouve fragilisée, on peut regretter que ce soit sur cette question essentielle où elle a affiché une conviction digne de l'idéal européen, une colonne vertébrale qui a fait défaut à d'autres. Un an après la photo choc du petit Aylan retrouvé mort sur une plage turque, censée marquer une prise de conscience globale, il est désolant de constater que la seule à avoir eu le courage de répondre à cette urgence, se retrouve ainsi sanctionnée, isolée, si peu soutenue dans ce combat qui nous concerne tous.