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Libération
Billet

Conflit syrien : l’éternel échec d’Obama et de Poutine

Comme le résumait parfaitement le New York Times à la veille du sommet Poutine-Obama, «pour Washington, la Syrie est devenue un lointain désastre plutôt qu’une crise urgente».

Vladimir Poutine et Barack Obama, lundi en marge du G20 à Hangzhou, en Chine. (Photo Alexei Druzhinin. AFP)
Publié le 05/09/2016 à 19h21

Sommet de la dernière malchance pour Alep, la rencontre entre Poutine et Obama lundi, en marge du G20 en Chine, pour trouver un accord sur la Syrie s'est conclue sur un échec. Par sa cruelle banalité, ce nouveau rendez-vous diplomatique manqué ne mériterait pas plus d'attention ou de désolation. Sauf qu'il s'agissait probablement du dernier tête-à-tête entre les deux hommes sur le dossier. Une occasion pour Obama, à quelques semaines de la présidentielle américaine, de rattraper son fiasco syrien par une sortie ou un geste honorable. Obtenir un cessez-le-feu dans l'ensemble du pays, la levée du blocus d'Alep et la démilitarisation du nord de la ville semblaient être des ambitions à la portée des chefs des deux grandes puissances mondiales. Les discussions entre leurs ministres des Affaires étrangères étaient bien parties à Hangzhou. Puis Washington a accusé Moscou d'avoir «fait marche arrière» sur certains points dans les négociations.

Légitimement méfiante sur les intentions de Poutine, la Maison Blanche a voulu éviter d'associer Obama à un accord qui pourrait ne pas être respecté. «Nos conversations avec les Russes sont importantes car, sans eux, Assad ne pourrait pas maintenir son offensive», déclarait Obama avant sa rencontre avec le chef du Kremlin. Une façon de reconnaître qu'avec les moyens militaires directs qu'il a déployés en Syrie depuis près d'un an, Poutine était devenu le maître du jeu. La conséquence qu'en tire apparemment Obama peut se résumer ainsi : ni concession ni confrontation. Un «ni-ni» caractéristique de l'attitude du président américain à chaque tournant du conflit syrien depuis cinq ans. Sa seule décision majeure et déterminée a été un renoncement en 2013 : celui de sanctionner le régime Bachar al-Assad pour l'utilisation d'armes chimiques contre sa population. Une ligne rouge qu'avait pourtant fixée Obama lui-même. «Pour Washington, la Syrie est devenue un lointain désastre plutôt qu'une crise urgente», comme l'a résumé parfaitement le New York Times à la veille du sommet Poutine-Obama. En pleine campagne présidentielle, le sujet ne mobilise pas du tout aux Etats-Unis. Il ne reste aux Syriens d'Alep et d'ailleurs qu'à attendre la prochaine administration américaine. Il leur faut s'employer à survivre d'ici là.