Des «égarés honteux» d’une «nature irrévérencieuse, non croyante et dépendante» : l’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême iranien, n’a pas mâché ses mots pour s’attaquer aux dirigeants saoudiens. A la veille du pèlerinage à La Mecque, en Arabie Saoudite, qui se déroule cette année entre les 8 et 12 septembre, le plus haut dignitaire iranien a même appelé les musulmans à remettre en question la gestion des lieux saints par Riyad.
Bousculade. La raison principale de cette grande colère est liée à l'absence pour la première fois depuis trente ans de pèlerins iraniens à ce rituel que chaque musulman doit accomplir au moins à une occasion dans sa vie. Ils avaient été quelque 60 000 à le faire l'an dernier. Mais 464 d'entre eux étaient morts dans la gigantesque bousculade qui avait fait au total 2 300 victimes. Les autorités iraniennes avaient alors dénoncé «l'incompétence» des organisateurs saoudiens de la plus grande manifestation religieuse du monde. Plus de deux millions de musulmans sont accueillis tous les ans dans le royaume pour l'occasion.
Outre le drame de l’an dernier, c’est la nouvelle dégradation des relations entre Téhéran et Ryad qui est responsable de l’interdiction faite aux pèlerins iraniens de se rendre à La Mecque. En confrontation ouverte sur tous les sujets et sur les champs de bataille en Syrie, en Irak et au Yémen, l’Iran et l’Arabie Saoudite ont rompu formellement leurs relations diplomatiques en janvier. Malgré cela, des pourparlers s’étaient engagés sur les conditions de l’organisation du grand pèlerinage entre les autorités concernées des deux pays. Après quatre rencontres successives, un accord avait même été annoncé en avril. Mais il a été dénoncé quelques jours après par l’Iran.
«Accusateurs». «Les dirigeants saoudiens qui ont bloqué le chemin du Hajj aux fidèles iraniens […] voient la continuation de leur pouvoir oppressif dans […] l’alliance avec le sionisme et les Etats-Unis et ne renoncent à aucune trahison sur ce chemin», a dénoncé l’ayatollah Ali Khamenei. Une manière aussi de calmer la colère des Iraniens privés de pèlerinage. «Au lieu de présenter des excuses, ils se mettent en position d’accusateurs et révèlent leur animosité ancienne à l’égard de la République islamique d’Iran, qui porte le drapeau de l’islam face aux infidèles et à l’oppression», a ajouté le Guide suprême. Son appel à reconsidérer la gestion des lieux saints par les Saoudiens qui ont en effet la responsabilité de garantir le libre accès de tous les musulmans au pèlerinage constitue une grave provocation pour Riyad.