Menu
Libération
Au rapport

Changement climatique : les océans dans la tourmente

Quand l'eau révèle le mondedossier
Un rapport sur les conséquences du réchauffement des océans, publié lundi, exhorte les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à mettre en œuvre l'accord de la COP21.
Le réchauffement des océans détruit l’habitat des poissons, à l’instar des récifs coralliens. Ici, la Grande Barrière de corail, au large des îles Whitsunday. (Photo Sarah Lai. AFP)
publié le 6 septembre 2016 à 18h39

Grands absents des négociations de la COP21, les océans sont au cœur d'une importante étude intitulée «Explications sur le réchauffement océanique : causes, échelle, effets et conséquences». Dans ce rapport publié à l'occasion du congrès mondial de la nature de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 80 scientifiques, originaires de douze pays différents, révèlent les conséquences dramatiques du réchauffement des océans sur la nature et les humains.

Les océans ont, en effet, joué un rôle majeur en absorbant 93 % du réchauffement dû à l'émission de gaz à effet de serre générée par les activités humaines depuis les années 70. «Sans les océans, nous devrions faire face aujourd'hui à des changements climatiques beaucoup plus importants», estime Alexandre Magnan, chercheur à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), qui a participé à l'étude. Mais les océans payent désormais le prix fort : outre l'élévation du niveau de la mer et la fonte des glaces, les impacts sur les écosystèmes sont nombreux.

«Augmentation des maladies»

Le réchauffement des océans détruit l’habitat des poissons, à l’instar des récifs coralliens, et pousse les espèces à se déplacer vers des eaux plus froides. Cela affecte non seulement le régime alimentaire de certains animaux, comme les tortues et les oiseaux, qui se nourrissent de ces poissons, mais déplace aussi les zones de pêche pour l’être humain, notamment dans les régions tropicales.

Les scientifiques font aussi état dans le rapport d'«une augmentation des maladies dans les populations végétales et animales», «car les agents pathogènes se diffusent plus facilement dans des eaux chaudes». Des maladies qui pourraient toucher l'homme. Enfin, les événements climatiques, comme les cyclones, risquent d'être plus importants.

«On ne peut plus continuer à jouer avec la machine planète»

Les auteurs du rapport sont unanimes : la seule solution est de réduire les émissions de gaz à effet de serre, «ce qui implique la mise en œuvre de l'accord de Paris», ajoute Alexandre Magnan. «Certains scientifiques proposent aussi des solutions de géo-ingénierie, [l'ensemble des techniques qui visent à manipuler et modifier le climat]. Ces méthodes sont très controversées. On ne peut plus continuer à jouer avec la machine planète.»

Réduire le réchauffement des océans prendra du temps. «Même si demain nous arrêtions les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle planétaire, ce qu'on a déjà introduit comme carbone dans l'atmosphère va quand même générer pour les décennies à venir un réchauffement de l'atmosphère et donc des océans», explique Alexandre Magnan. La ratification de l'accord mondial sur le climat par Pékin et Washington est un premier pas.