Quand les autorités sri-lankaises ont lancé leur campagne contre le paludisme, en 1999, le pays comptait encore 265 000 cas, sur 20 millions d’habitants. Le dernier cas a été déclaré en octobre 2012. Après quatre ans sans nouvelle contamination, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré, lundi, le paludisme officiellement éradiqué.
Pour obtenir ce résultat, les autorités du pays, aidées par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ont mis au second plan la bataille contre le moustique qui transporte le parasite (DDT, insecticides…) pour axer leur campagne sur ce dernier. Une ligne téléphonique a été ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et les malades ont été soumis à un traitement adapté. La distribution de moustiquaires imprégnées et la rénovation du système de santé ont limité la reproduction des moustiques et permis d’agir dans les zones les plus reculées.
Mais pour le Pr Pierre-Marie Girard, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine, «la situation géographique du Sri Lanka jouait en sa faveur. Il est plus facile de lutter contre une épidémie dans un pays insulaire. C'est beaucoup plus difficile en Inde.» En 2015, le paludisme a officiellement touché 112 000 personnes dans l'Inde voisine et en a tué 287 - selon des chiffres considérés par certains chercheurs comme largement sous-évalués.
«L'éradication n'est pas stable et définitive. Le vecteur, le moustique, est toujours là, il faut prévenir de nouveaux cas et traiter les infections chroniques, alors qu'il y a un problème majeur de résistance aux médicaments, et que l'on n'a toujours pas mis au point de vaccin», conclut Pierre-Marie Girard. En 2015, le paludisme a touché 214 millions de personnes et fait 438 000 morts dans le monde.