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Libération
Reportage

Dans le Minnesota, Hillary ne s’affiche pas

Dans les rues de cet Etat très démocrate, on trouve peu de pancartes aux couleurs de la candidate désignée, mais beaucoup de stickers pro-Sanders.
par Denis Depinoy, du blog «Carnets de campagne américaine»
publié le 12 septembre 2016 à 19h51

Le week-end de Labor Day, premier lundi de septembre, marque la fin de l'été, la rentrée scolaire et l'ouverture de la saison de football et du pumpkin spice latte. C'est à ce stade que les campagnes électorales s'accélèrent, surtout dans les Etats dont les élections anticipées approchent. Dans le Minnesota, on peut effectivement voter dès le 23 septembre. Justement, où en est-on dans le Nord ? Difficile à dire. Après une saison de primaires, passionnée et toxique du côté démocrate, odieuse et nocive du côté républicain, la campagne est redevenue un bruit de fond.

«Non-choix». Ici, on aime afficher ses affinités politiques de deux façons : la première, c'est le bumper sticker, l'autocollant au nom du candidat que l'on colle sur sa voiture. La seconde, c'est le yard sign, ce panneau que l'on plante devant sa maison. Deux modes d'expression qui forment une prise de position. Ainsi Powderhorn, quartier résolument gauchiste (mais façon Etats-Unis) du sud-ouest de Minneapolis, était-il repeint aux couleurs de Bernie Sanders au printemps, à grand renfort d'autocollants, de panneaux et de banderoles, plus ou moins improvisés.

En ce début septembre, dans les «Twin Cities» de Minneapolis et Saint Paul, l’autocollant le plus visible reste… «Bernie». Il est suivi, et c’est plus inquiétant, de «Obama 2012». Inquiétant, car c’est bien le signe que la présidentielle n’intéresse pas. Et on ne peut chasser une impression que le choix présenté aux électeurs est un non-choix, décidé par une minorité qui ne les représente pas.

On voit bien quelques timides panneaux «Hillary» sur les pelouses impeccables des villas alignées le long du Mississippi, côté Minneapolis (apparemment on est plus timoré côté Saint Paul), mais seule une frange de la population, blanche et aisée, semble convaincue par la candidate à la Maison Blanche. Le reste de la population, traditionnellement progressiste, semble partagé entre résignation, méfiance, ou franc dégoût.

Elections locales. Et dans l'autre camp ? On a vu des autocollants Trump sur deux pick-up. Est-ce le signe d'une droite locale qui boude Donald Trump ? Au contraire, elle sait que les chances de victoire de son candidat sont maigres dans le Minnesota et se concentre donc sur les élections locales. Et ce sont en effet elles qui mobilisent les électeurs de cet Etat.

Le week-end prolongé de Labor Day est souvent l'occasion d'un dernier séjour sur les rives du lac Supérieur, et on n'aurait pas osé déroger à la coutume. On a ainsi vu d'innombrables yards signs au nom de «Schultz» tapisser Duluth, sans que l'on ne sache qui, se cache derrière ce nom - après enquête, Jennifer Schultz est candidate démocrate à sa réélection à la Chambre des représentants du Minnesota. Mais au-delà de Duluth, le long de la Highway 61 qui mène au Canada, bordée à l'ouest de forêts denses et secrètes et à l'est de falaises surplombant le lac Supérieur, ces quelques fragments de campagne disparaissent rapidement eux aussi.