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Libération
Typhon

La Corée du Nord noyée sous les inondations

Le passage du typhon Lionrock a fait au moins 133 morts, selon un bilan provisoire.
(AFP)
publié le 12 septembre 2016 à 17h56

Vendredi, les autorités nord-coréennes se félicitaient d'avoir réussi un cinquième essai nucléaire au nez et à la barbe de la communauté internationale. Au même moment, plusieurs régions, situées près de la frontière chinoise, souffraient d'inondations meurtrières après le passage du typhon Lionrock.

Le bilan officiel de la catastrophe est de 133 morts, 107 000 personnes déplacées, 25 000 habitations détruites, et des milliers de bâtiments publics endommagés, selon des chiffres publiés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, au retour d’une mission d’évaluation des dégâts, composée de membres du gouvernement, d’agences de l’ONU, de la Croix-Rouge et d’ONG internationales. Le bilan devrait s’alourdir encore, puisque 395 personnes sont portées disparues, et que les observateurs n’ont pu accéder aux régions de Musan et Yonsa, les plus touchées, et qu’aucun chiffre n’est encore parvenu sur deux cantons de Ryanggong, potentiellement frappés.

Une course meurtrière favorisée par l'exploitation rurale

Le 29 août, le puissant typhon Lionrock, le dixième de la saison en Asie, faisait déjà onze morts et des dégâts spectaculaires dans le nord-est du Japon, avant de continuer sa course meurtrière sur le continent. Dans son sillage, une trentaine de centimètres de pluie ont noyé la région du Hamgyong du Nord durant quatre jours. Plus d'1,50 mètre de précipitations ont même été enregistrés dans plusieurs cantons. Dès le 3 septembre, l'agence de presse officielle de Corée du Nord, la KCNA, annonçait que la rivière Tumen, qui sert partiellement de frontière avec la Chine et la Russie, était sortie de son lit dans «la pire inondation» de la région «depuis 70 ans». En 2007, pourtant, une autre inondation avait déjà causé au moins 600 morts.

Même si, selon les rares observateurs, la capitale, Pyongyang, semble se développer depuis quelques années, la majeure partie des 25 millions d’habitants vit encore en zone rurale dans une grande insécurité alimentaire, très dépendante des aléas naturels. L’exploitation du bois de chauffage pendant les hivers glacés et la culture du riz en terrasse dans ces régions pauvres et peu développées, minées par la corruption, ont depuis longtemps dénudé les montagnes, permettant aux eaux de pluie de dévaler les pentes sans obstacle, emportant la mince couche de terre cultivable.

Au moins 16 000 hectares de terres arables ont été inondés la semaine dernière, un an après le long épisode de sécheresse de 2015. Selon le Programme alimentaire mondial, un tiers des enfants de moins de cinq ans souffre de malnutrition chronique, malgré l’aide internationale. Il y a vingt ans, une terrible famine avait ravagé le pays, ruiné par une gestion économique désastreuse depuis la chute de l’URSS en 1991, qui aurait fait au moins 1 million de morts.