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Etats-Unis

Santé d'Hillary Clinton : Donald Trump fait profit bas

Si le candidat républicain reste pour l’instant mesuré après l’annonce de la pneumonie de Hillary Clinton, il compte bien bénéficier de la méfiance grandissante envers son adversaire.
Donald Trump lors de la cérémonie de commémoration du 11 Septembre, à New York. (Photo Justin Sullivan. Getty. AFP)
publié le 12 septembre 2016 à 19h51

«J'espère qu'elle se remettra vite.» Dans sa première réaction, lundi matin, au malaise de Hillary Clinton, Donald Trump s'est montré digne et compatissant. Loin de sa conduite habituelle. Loin, aussi, de ses récentes attaques sur la fragilité supposée de sa rivale et sur son incapacité à assumer l'épuisante fonction présidentielle. Alors que la santé de l'ancienne secrétaire d'Etat s'est soudainement imposée comme un vrai sujet de préoccupation, le candidat républicain semble déterminé à faire profil bas. Et il exige la même discipline à son entourage. D'après CNN, les membres de l'équipe de campagne de Trump ont ainsi reçu pour consigne de ne faire aucun commentaire négatif sur la santé de la candidate démocrate, sous peine de licenciement.

Impair étonnant

Compte tenu du comportement imprévisible de Donald Trump, on ignore combien de temps cette stratégie tiendra. Mais dans l'immédiat, l'objectif est clair : ne surtout rien dire ou faire qui puisse détourner l'attention de ce week-end cauchemardesque pour Hillary Clinton. Car outre son malaise de dimanche, l'ancienne First Lady a commis, vendredi soir, la plus grosse erreur de sa campagne, en qualifiant de «pitoyables» la moitié des partisans de Donald Trump. Cet impair, étonnant dans la bouche d'une femme politique aussi expérimentée et prudente que Hillary Clinton, menace de la poursuivre jusqu'au scrutin du 8 novembre. D'autant que ses adversaires, s'ils restent pour l'heure très discrets sur l'affaire de la pneumonie, ne se privent pas en revanche de répliquer à ces propos. Dès lundi, l'équipe de campagne de Trump a lancé un clip télévisé, qui sera diffusé toute la semaine dans les Etats clés d'Ohio, de Pennsylvanie, de Caroline du Nord et de Floride. «Vous savez ce qui est pitoyable ? interroge le narrateur. Hillary Clinton qui diabolise cruellement les gens comme vous qui travaillent dur.»

En l'espace de quarante-huit heures, Hillary Clinton a vu sa campagne vaciller et elle en est la première responsable. Ses propos de vendredi risquent de nourrir son image de femme hautaine, coupée des réalités d'une majorité d'Américains. Quant à sa pneumonie, diagnostiquée dès vendredi mais révélée seulement dimanche, près de huit heures après son malaise au mémorial du 11 Septembre, elle attise autant les rumeurs sur son état de santé que les reproches sur sa tendance au secret. «Les antibiotiques peuvent traiter la pneumonie. Quel est le traitement pour un penchant malsain à la confidentialité qui crée de façon répétée des problèmes inutiles ?» résume David Axelrod, l'ancien stratège des campagnes présidentielles de Barack Obama.

Bulletin de santé

Alors que la course à la Maison Blanche s'apprête à rentrer dans sa dernière phase, avec le premier (et très attendu) débat présidentiel du 26 septembre, ce week-end noir pourrait exacerber la méfiance déjà considérable qu'inspire Hillary Clinton. Selon un sondage USA Today-Suffolk University, 59 % des Américains estiment que la candidate démocrate n'est pas «honnête et digne de confiance». Certes, 61 % pensent la même chose de Donald Trump mais les sondages montrent qu'entre les deux candidats, une majorité d'électeurs fait désormais davantage confiance au républicain.

Hillary Clinton peut-elle encore inverser la tendance ? Est-elle prête à jouer (enfin) la carte de la transparence ? Il y a quelques jours, dans une intervention prémonitoire, le journaliste d'investigation Carl Bernstein, figure du Watergate et auteur d'un livre sur Hillary Clinton, suggérait à cette dernière de communiquer sur son état de santé. «Elle et son médecin devraient passer une heure face à la presse pour répondre aux questions sur ses antécédents médicaux. Et Donald Trump doit faire la même chose», disait-il. Comme pour forcer la main de sa rivale, Trump a annoncé lundi qu'il publierait prochainement son propre bulletin de santé, établi après des examens réalisés la semaine dernière.