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Une pneumonie, c'est grave docteur ?

Hillary Clinton quitte les cérémonies de commémoration du 11 Septembre, dimanche. (Photo Brian Snyder. Reuters)
publié le 12 septembre 2016 à 16h29

Jean-Philippe Derenne, professeur honoraire, a dirigé pendant 15 ans le service de pneumologie de l’hôpital La Pitié-Salpêtrière. Il réagit au pneumoniagate d’Hillary Clinton.

Une pneumonie à 68 ans, comme l’aurait Hillary Clinton, est-ce une infection inquiétante?

D’abord, un constat rétrospectif. La candidate démocrate a fait, il y a quatre ans, un petit accident vasculaire cérébral. A son âge, ce n’était pas normal. Qu’est ce qu’elle a eu exactement? Est-ce un manque de chance, ou bien cela rentre-t-il dans le cadre d’une autre maladie? Ne pas le savoir est intrigant.

Mais la pneumonie?

On y vient: la pneumonie est une maladie aiguë. On nous dit qu’elle toussait depuis 4 jours, et qu’elle a fait ensuite un malaise au soleil. C’est un peu bizarre. Car si c’est une pneumonie virale, ce n’est pas bien méchant et il n’y a rien à faire. Si c’est une pneumonie d’origine bactérienne, cela peut être grave et brutal, et en tout cas on doit la prendre en charge rapidement, car cela peut être mortel. En même temps, on peut jouer sur le mot de pneumonie.

C’est-à-dire?

Supposons - car ce n’est qu’une hypothèse -, que pour d’autres raisons, elle reçoive un traitement. Or, il existe un certain nombre de pneumopathies dites médicamenteuses, c’est-à-dire liées à des médicaments que l’on prend.

Mais dans le cas de la candidate démocrate, on lui donne des antibiotiques…

Cela ne veut rien dire. Ou cela veut dire plein de choses. C’est peut-être juste une précaution. Je le redis, si c’était une pneumonie à pneumocoque, elle serait KO. Si c’est une pneumonie virale, on attendrait simplement que cela se passe. En plus, il y a le cas d’une pneunomie médicamenteuse. Bref vu ce que l’on nous raconte, on peut en déduire qu’elle n’a… rien du tout. Ou bien, que c’est un rideau de fumée qui cache tout autre chose.