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Libération

Duterte boute les militaires américains hors des Philippines

publié le 13 septembre 2016 à 21h21

Au tour des forces spéciales américaines de se retrouver dans le viseur de Rodrigo Duterte. Le président philippin a affirmé lundi soir avoir ordonné aux conseillers militaires des Etats-Unis de quitter le sud du pays. Et cette déclaration risque de mettre à mal une relation bilatérale qui ne cesse de se dégrader depuis l'arrivée de Duterte à la présidence en juin. La semaine dernière, il avait traité Barack Obama de «fils de pute» avant la tenue au Laos d'un sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est. Lundi, lors d'une réunion à Davao, la ville dont il a été le maire pendant plus de vingt ans, Duterte a lié la guerre avec les indépendantistes musulmans dans le sud du pays à la présence des Etats-Unis, en renfort depuis 2002. «Les forces spéciales, elles doivent s'en aller. Elles doivent quitter Mindanao. Il y a beaucoup de Blancs là-bas. Si [les jihadistes] voyaient un Américain, ils le tueraient. Ils demanderaient une rançon, puis le tueraient.» Avec la présence des troupes américaines, «la situation va empirer», a curieusement pronostiqué Duterte. «Tant que nous restons avec l'Amérique, nous ne pourrons jamais avoir la paix.» Le Président n'a pas précisé le nombre d'officiers concernés, ni le calendrier envisagé.

Cette dernière déclaration va à rebours de la politique de son prédécesseur, Benigno Aquino, qui avait noué avec Obama une relation chaleureuse. En avril 2014, Manille et Washington avaient signé pour dix ans un ambitieux accord de coopération de défense renforcée, autorisant un renforcement de la présence des GI en échange d’une protection plus importante des Etats-Unis. Signé en grande pompe par les deux présidents, le texte réaffirmait les liens philippino-américains au moment où la Chine se lançait dans une vaste opération de poldérisation d’îlots et de récifs en mer de Chine méridionale.

Lundi, le porte-parole du président philippin, Ernesto Abella, a indiqué que cette annonce «reflétait une nouvelle orientation vers une politique étrangère indépendante». Seul face au géant chinois.