Sarkozy a-t-il poussé Cameron à intervenir en Libye en 2011 ? Cinq ans après la révolution libyenne, la Chambre des communes a publié mercredi un rapport sévère sur l'engagement de leur pays à l'époque. Ils reprochent à Cameron, alors Premier ministre, d'être «le responsable final de l'échec du développement d'une stratégie cohérente en Libye». Le rapport égratigne aussi l'ex-président français et son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
Le document consacre à la France six paragraphes, qui se concluent ainsi : «La France a mené la communauté internationale en poussant pour une intervention militaire en Libye en février et mars 2011. La stratégie britannique a suivi des décisions prises en France.» L'analyse repose en partie sur l'audition du professeur George Joffé, du King's College, selon lequel «les décisions du président Sarkozy […] ont été guidées par des exilés libyens ayant noué des liens avec l'establishment intellectuel français, qui ont poussé pour un vrai changement en Libye». L'engagement de Bernard-Henri Lévy n'était un secret pour personne… L'autre source utilisée par le rapport est un document confidentiel, déclassifié par le Département d'Etat américain l'an dernier : il s'agit d'un mail envoyé à Hillary Clinton par un conseiller officieux, Sid Blumenthal, le 2 avril 2011 (l'intervention française a débuté le 19 mars). Le memo indique que selon des «responsables du renseignement français», les plans de Sarkozy sont guidés par la volonté de «remporter une plus grande part de la production pétrolière libyenne» ; «renforcer l'influence française en Afrique du Nord» ; «améliorer sa situation politique en France» ; «donner aux militaires français une occasion de réaffirmer leur position internationale» et «répondre aux inquiétudes de ses conseillers sur l'objectif de Kadhafi de supplanter la France comme puissance dominante en Afrique francophone».