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Libération
Vu des Etats-Unis

Le retour du spectre des attentats

L’Etat islamique a revendiqué une des trois attaques de samedi. Trump pourrait en profiter.

ParFrédéric Autran
(à New York)
Publié le 18/09/2016 à 20h21

En l’espace de douze heures, samedi, trois événements ont ravivé la crainte d’attentats terroristes aux Etats-Unis. Samedi matin, d’abord, une petite bombe artisanale dissimulée dans une poubelle a explosé dans une station balnéaire du New Jersey. Visiblement programmé pour exploser au passage d’une course à pied, l’engin n’a fait aucun blessé. Samedi soir, ensuite, aux alentours de 20 h 30, une puissante déflagration a secoué le quartier très fréquenté de Chelsea, en plein cœur de Manhattan, blessant légèrement 29 personnes. Un possible second engin explosif, une cocotte-minute reliée à un téléphone portable, a été retrouvé à quelques rues du lieu de l’explosion.

Dimanche, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, a déclaré : «Une bombe qui explose à New York est évidemment un acte de terrorisme […] mais à ce stade, il n'y a pas de preuve d'un quelconque lien avec le terrorisme international.» Soigneusement choisis, ces mots n'excluent pas la piste d'Américains radicalisés, comme lors de l'attentat du marathon de Boston, au printemps 2013. Toujours samedi soir, un homme vêtu d'un uniforme de vigile a poignardé et blessé huit personnes dans un centre commercial du Minnesota, dans le nord des Etats-Unis. Selon la police, l'homme aurait fait «des références à Allah». Il a été abattu. Dimanche, l'attaque a été revendiquée par le groupe Etat islamique : «L'exécutant des attaques au couteau menées dans le Minnesota hier était un soldat de l'Etat islamique» qui a agi «en réponse aux appels à prendre pour cibles les ressortissants des pays appartenant à la coalition des croisés.»

A l'heure du bouclage de Libération, l'identité de l'assaillant n'avait pas été révélée. Première conséquence de l'explosion survenue à New York : le gouverneur a annoncé un renforcement «par précaution» du dispositif de sécurité, déjà massif alors que se déroule cette semaine l'Assemblée générale de l'ONU. Au-delà de la dimension sécuritaire, la journée agitée de samedi pourrait peser sur la campagne présidentielle.

Si la piste islamiste venait à se confirmer dans le Minnesota, voire dans les explosions de New York ou du New Jersey, Donald Trump ne manquerait pas de s'en emparer. Dès samedi soir, trente minutes seulement après l'explosion de Manhattan - et en l'absence d'informations officielles -, le candidat républicain a semblé privilégier la piste du terrorisme international. «On ferait bien d'être très, très sévères, les amis. C'est terrible ce qui se passe dans le monde, dans notre pays. Nous allons être sévères, malins et vigilants et on va mettre fin à tout ça», a-t-il lancé lors d'un meeting dans le Colorado. Un peu plus tard dans la soirée, Hillary Clinton a répliqué qu'il était «plus sage d'attendre d'avoir l'information avant de tirer des conclusions». Une manière de se poser en candidate réfléchie et sérieuse face à un adversaire imprévisible et impulsif.