Le moment de panique qui a saisi ce week-end le Minnesota et New York a sans doute été mal vécu par l’équipe d’Hillary Clinton. Car celle-ci le sait bien : la candidate démocrate aura beau délivrer les promesses les plus alléchantes, elle risque de ne pas faire le poids si un nouvel attentat d’envergure se produit sur le sol américain. Son rival républicain, qui a usé de toutes les ficelles pour jouer sur la peur de ses concitoyen(ne)s, a vu sa cote grimper au lendemain des attentats de Paris et San Bernardino. Avec sa grosse voix, ses roulements de mécaniques et ses envolées sur la nécessaire restauration de la grandeur perdue de l’Amérique, Donald Trump pourrait alors séduire celles et ceux qui gardent en tête la démarche titubante et l’évanouissement de Clinton lors des commémorations du 11 Septembre, terrible symbole.
Ce serait d’autant plus injuste que, sur un autre terrain, la candidate a fourni un réel effort pour proposer un programme qui gomme son image d’ultraprivilégiée déconnectée des classes populaires. Désireuse de rallier les suffrages des sympathisant(e)s de Bernie Sanders, elle présente aujourd’hui un projet qui pourrait presque en faire une femme de gauche, l’enquête que nous publions en atteste. Mais les Américains ont-ils majoritairement envie d’un programme de gauche qui réduise les inégalités et intègre les immigrants ? Les difficultés rencontrées par l’exécutif pour faire passer - et accepter - la réforme de santé, montre que ce n’est pas si évident. Il y en a un, en tout cas, qui sent le vent du boulet, c’est Barack Obama. Son discours, samedi, devant la Congressional Black Caucus Foundation était vibrant d’émotion. «Le progrès, la démocratie, la justice sont en jeu ! a-t-il martelé. Je le prendrai comme une insulte pour mon bilan si vous n’allez pas voter !» L’énergie du désespoir.