Alors que l'Etat islamique vient de perdre récemment plusieurs membres importants en charge de sa propagande, le réalisateur Alexis Marant revient sur la manière dont ses jihadistes ont réussi à détourner les codes de la pop culture mondialisée pour la retourner contre elle. La force de ce film est de donner la parole à la fois à des experts reconnus sur cette question et à des anciens cameramen de l'organisation terroriste qui racontent les moyens sans limite dédiés à la production d'images censées choquer le monde entier. Est-ce si illogique que nous soyons pris à notre propre jeu ? «Daech nous connaît mieux que nous le connaissons, je m'étonne qu'on puisse s'en étonner», relève Abdelasiem el-Difraoui, grand spécialiste de ces questions. Et de souligner l'effet miroir des pires productions hollywoodiennes, surtout celles concentrant les clichés sur l'islam et les musulmans. En revanche, le problème de ce documentaire est sa matière elle-même car il nous oblige à revoir des images de propagande violentes dont nous sommes déjà saturées jusqu'à la nausée. Difficile dès lors de ne pas être tenté de fermer le déversoir à horreur.
A la télé ce soir
"Le studio de la terreur" : écrans à cran
(crédit : Capa)
par David Carzon
publié le 19 septembre 2016 à 18h31
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