Samedi, à New York, alors qu'une explosion à Manhattan faisait 29 blessés, les tarifs d'Uber grimpaient en flèche. Le prix des courses d'Uber a presque été multiplié par deux aux alentours de Chelsea, provoquant ainsi la colère des usagers de l'application mobile, rapporte la Tribune.
Pour ajuster ses prix, la société californienne utilise le «surge price», un mécanisme de tarification dynamique qui consiste à réguler les prix des courses, à la hausse ou à la baisse, parfois de manière spectaculaire. L'objectif est de dissuader les utilisateurs par le prix et d'inciter les chauffeurs à faire des courses pour répondre à une hausse exceptionnelle de la demande. Or, ce phénomène est visible autant pour chaque événement sportif ou culturel, à la sortie duquel un grand nombre d'utilisateurs se connectent au même moment à l'application, que pour les catastrophes naturelles et les menaces terroristes.
Les excuses d’Uber
Le phénomène est sujet aux critiques depuis longtemps. Déjà, en décembre 2014, lors de la prise d'otages du café Lindt à Sydney, les prix des courses s'étaient envolés, jusqu'à quatre fois au-dessus des tarifs habituels. Le quotidien suisse le Temps rappelle qu'à l'époque, Uber avait été contraint de s'excuser : «Notre outil de régulation tarifaire est très efficace, mais il doit être manié avec beaucoup de doigté : nous coupons à présent systématiquement le système en cas d'événement tragique comme les attentats de Paris du 13 Novembre», avait souligné Thomas Meister, porte-parole d'Uber pour l'Europe de l'Ouest.
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La même année, Uber et le procureur général de New York, Eric Schneiderman, s'étaient accordés sur un plafond à appliquer lors de catastrophes naturelles ou en cas de situations d'urgence. La région étant régulièrement en proie à des tempêtes de neige, l'application bloque le prix des courses UberX à 3,5 fois le montant du tarif normal si une situation d'état d'urgence est déclarée par les autorités. Mais l'accord n'aborde pas les cas d'attaque terroriste.
Des chauffeurs récompensés au risque encouru
Dans la foulée de l’explosion de samedi, Uber a indiqué que la hausse des tarifs était suspendue et la société a assuré aux utilisateurs qu’ils seraient dédommagés.
Ces tarifs exceptionnels sont aussi là pour récompenser les chauffeurs pour le risque encouru. Comme leurs clients, ils ne souhaitent pas nécessairement rester à proximité. Samedi, un chauffeur Uber venait de prendre deux passagers quand son véhicule a reçu des éclats de l’explosion, heureusement sans conséquences graves.
Uber car damaged in the #ChelseaExplosion after the driver picked up 2 female passengers on 7th Ave & W 23rd St. pic.twitter.com/qXH6HtH1es
Uber car damaged in the #ChelseaExplosion after the driver picked up 2 female passengers on 7th Ave & W 23rd St. pic.twitter.com/qXH6HtH1es
— Allison Papson (@AllisonPapson) September 18, 2016
Derrière les algorithmes, des humains
Dès lors, la question suivante se pose : de quelle puissance doivent disposer ces nouvelles technologies, fondées sur des algorithmes ? Ou plutôt les humains qui les paramètrent ? Car ces algorithmes sont avant tout construits par des hommes.
Mais l'économie n'est pas le seul secteur touché par ces évolutions. L'information et la communication connaissent également l'irruption des algorithmes. Un exemple qui illustre cet enjeu peut s'observer chez une autre entreprise californienne, à savoir Facebook. Le plus grand réseau social du monde essuie régulièrement des critiques lui reprochant d'établir son canal de distribution de l'information dans les fils d'actualité des utilisateurs par l'intermédiaire des algorithmes qu'il est le seul à déterminer, démontrant ainsi son influence et son pouvoir de manipulation sur les contenus produits par les sites.