En novembre, les électeurs américains devront choisir entre les deux principaux candidats pour la présidentielle américaine : Hillary Clinton côté démocrate, Donald Trump chez les républicains. Toutes les semaines, Libé fait le point sur la campagne.
iA lire aussi l'épisode de la semaine dernière
Le billet d’Amérique
A vomir
Attribuées à un Américain d'origine afghane, les explosions du week-end dernier à New-York et dans le New Jersey attisent les peurs et encouragent ceux qui les exploitent, à commencer par le camp Trump. Dans la famille du candidat républicain, l'aîné des enfants, Donald Trump Jr., remporte cette semaine la palme de la pestilence, pour avoir comparé des réfugiés syriens à des Skittles, célèbres bonbons américains. «Si j'avais un bol de Skittles et que je vous disais qu'à l'intérieur, il y en a trois qui peuvent vous tuer, mais pas plus. En mangeriez-vous ? Voilà notre problème avec les réfugiés syriens», pouvait-on lire sur l'image qu'il a tweetée lundi. Rappelons que son père s'oppose catégoriquement à l'accueil de tout réfugié syrien sur le sol américain, au nom de la lutte anti-terroriste.
Donald Trump Jr., 38 ans, est un récidiviste. La semaine dernière, il avait évoqué les chambres à gaz en parlant du traitement de son père par les médias. Et mardi, il a partagé à ses 667 000 abonnés Twitter un «article» (un tissu de mensonges) de Breitbart, le site d'extrême droite dont le patron a été nommé en août directeur de la campagne Trump. Le titre de l'article, daté d'octobre 2015, donne des frissons: «Épidémie de viols en Europe : les femmes occidentales seront sacrifiées sur l'autel de l'immigration de masse». L'auteure, Anne-Marie Waters - membre du parti britannique europhobe et anti-immigration UKIP -, y écrit notamment : «En Angleterre, c'est viol après viol - des dizaines de milliers de jeunes filles britanniques sont brutalisés, torturées, battues et violées par des gangs organisés composés presque exclusivement de Musulmans.»
L'autre actualité majeure de la semaine, les tensions à Charlotte (Caroline du Nord) après la mort d'un Noir américain tué par un policier, a également généré son lot de réactions confondantes d'ineptie. La responsable de la campagne Trump dans le Mahoning County (Ohio) a estimé qu'il n'y avait «pas de racisme avant l'élection de Barack Obama». Elle s'est excusé et a démissionné jeudi. Robert Pittenger, élu républicain de Caroline du Nord à la Chambre des représentants, a quant à lui expliqué ainsi à la BBC la colère des manifestants noirs de Charlotte : «Ils détestent les blancs parce que les blancs ont du succès, et pas eux.» Lui aussi s'est excusé mais n'a évidemment pas démissionner du Congrès.
L’ignorance, la bêtise et l’indécence ont donc encore de beaux jours devant elles. Au moins 44, comme le nombre de (longues) journées qui nous séparent de la présidentielle du 8 novembre. Beaucoup plus, si Donald Trump et son message populo-démago-raciste venait à conquérir la Maison Blanche. On n’en est pas là. Pour l’heure, le candidat républicain, son entourage et ses partisans se contentent de gangrener une campagne présidentielle qui n’en finit plus de toucher le fond.
This image says it all. Let's end the politically correct agenda that doesn't put America first. #trump2016 pic.twitter.com/9fHwog7ssN
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) September 19, 2016
Par Frédéric Autran, correspondant aux Etats-Unis
Le soutien de la semaine
Bush père préfère Clinton à Trump
La mobilisation de la semaine
Des célébrités et des diplomates clament : «Tout sauf Trump»
C'est désormais une rengaine qui revient régulièrement : les tenants du «tout sauf Trump» se mobilisent de plus en plus. Cette semaine, 75 diplomates à la retraite ont signé une lettre ouverte, publiée dans le Washington Post, pour prévenir du danger d'élire à la Maison blanche le candidat républicain, qu'ils jugent «non qualifié» : il «ignore la complexité des défis auxquels fait face notre pays». Pour une grande partie d'entre eux, c'est la première fois qu'ils soutiennent officiellement un candidat à une élection présidentielle, en l'occurrence Clinton, en raison de «l'importance des enjeux».
Autres personnalités impliquées dans la campagne : les acteurs Martin Sheen, Robert Downey Jr, Scarlett Johanson, Matt McGorry, Mark Ruffalo, James Franco, Nathan Fillion, Cobie Smulders, Don Cheadle, Stanley Tucci, Neil Patrick Harris, Julianne Moore, Jesse Williams, entre autres, qui ont participé à une vidéo pour inciter les citoyens à aller voter le 8 novembre. En creux, un message : si Trump est élu, les Etats-Unis seront «endommagés de manière permanente [mais] nous pouvons mettre fin à ce cauchemar avant qu'il ne commence».
L’enjeu de la semaine… prochaine
Premier débat présidentiel en vue
On y est : ce lundi 26 septembre aura lieu le premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump, quelques jours avant celui entre les potentiels vice-présidents. Des deux côtés, on prépare l'échéance. «La crainte [que nous avons] est qu'elle se perde quelques instants, et personne n'est meilleur pour saisir ce genre de moment que Trump», a expliqué à Politico un membre de l'équipe démocrate. Cette année, la préparation du débat porte d'ailleurs «d'avantage sur le style que la substance, a encore expliqué un autre membre du staff de Clinton. Ils la préparent pour tous les Trump différents qui pourraient se montrer.» Selon NBS News, le camp démocrate projette de se montrer offensif sur les faits, et de démontrer que Donald Trump manque de précision voire de pertinence. Au contraire, l'approche du débat dans le camp républicain semble plus «à la coule», si l'on peut dire, Donald Trump lui-même ayant affirmé «ne pas encore savoir ce qu'[il] allai[t] faire». Il semble néanmoins exclure les attaques personnelles contre son opposante… C'est en tout cas ce qu'il a déclaré aux médias.
En vue de ce débat, et des suivants (il y en aura trois), le Washington Post a pris une initiative qui mérite d'être relevée : le journal a demandé à ses lecteurs de poser leurs propres questions aux deux candidats. Il semble que Donald Trump soit davantage qu'Hillary Clinton la cible de leurs interrogations. Ils se demandent pourquoi le candidat républicain n'a toujours pas rendu publiques ses déclarations d'impôt. Dans le top 3 des sujets généraux de préoccupation : la politique étrangère, l'économie et l'emploi, et la sécurité sociale. Reste à voir si, en plateau, ils seront effectivement les plus débattus.
Pour aller plus loin…
Chaque semaine, nous vous proposons une sélection d’articles à lire en VO, pour s’immerger encore plus dans la campagne.
• Le principal syndicat policier américain, le Fraternal Policy Order, a apporté son soutien officiel à Donald Trump cette semaine. Pourtant, tous les policiers américains ne voteront pas républicain le 8 novembre. Le magazine Mother Jones en a rencontré certains.
• Environ un Américain sur deux pense que la fraude électorale est chose aisée et répandue, alors qu'il n'en est rien. Le résultat d'une tactique électorale de longue haleine du Parti républicain, qui fait circuler cette fausse information pour réclamer des lois électorales plus strictes, qui exclueraient des urnes certaines catégories de la population a priori favorables au Parti démocrate, comme l'explique le New York Times.
• Pendant les primaires républicaines, l'Ohio était pro-Kasich et anti-Trump. Mais Trump a gagné, et à mesure que l'élection approche, les républicains de l'Etat de Colombus sont de plus en plus nombreux à se résoudre pour le candidat investi par leur parti. C'est capital, car l'Ohio est un swing state, susceptible de jouer un rôle primordial dans la désignation du successeur de Barack Obama.
• Enfin, l'actualité de la semaine a été marquée outre-Atlantique par des explosions dans les Etats du New Jersey et de New York. Face à ces attaques, le Washington Post juge - sans surprise - qu'Hillary Clinton s'est comportée en leader, au contraire de Donald Trump.