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Libération
Billet

Poison

Une colonie en Cisjordanie. (Photo Les films du Poisson et Talisma Productions)
publié le 25 septembre 2016 à 18h21

La colonisation de la Cisjordanie est un poison qui tue lentement mais sûrement tout espoir de paix entre Israéliens et Palestiniens. Et le dénoncer n’est pas un acte anti-israélien, au contraire. La semaine dernière, à la tribune et en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, les responsables américains, que l’on ne peut guère qualifier d’ennemis d’Israël (ils viennent de lui accorder 38 milliards de dollars d’aide militaire sur dix ans), n’ont cessé de le marteler.

Pour son dernier discours en cette enceinte, Barack Obama l'a dit haut et fort : «Israël ne peut pas occuper de manière permanente les terres palestiniennes.» Et, selon le quotidien Haaretz, le secrétaire d'Etat, John Kerry, se serait emporté contre les dirigeants israéliens lors d'un dîner privé à New York : le statu quo conduit Israéliens et Palestiniens vers un Etat binational (où la lutte pour le pouvoir sera féroce vu le déséquilibre démographique) et vers la guerre, a-t-il prédit. La solution à deux Etats, prônée par la communauté internationale, est de fait impossible tant que la colonisation - illégale au regard du droit - se poursuivra.

Le documentaire de Shimon Dotan a l’immense mérite de montrer comment les dirigeants israéliens de tous bords ont au fil des ans, par lâcheté ou idéologie, laissé ou poussé à s’installer en territoire palestinien des colons qu’il a fallu protéger par des soldats puis désenclaver par des autoroutes interdites aux Palestiniens sur leur propre terre. Obama aura-t-il le courage, avant son départ, de s’abstenir à l’ONU face à une résolution condamnant la colonisation ? Certains en parlent, assurant que, s’il le fait, ce sera après les élections pour éviter de plomber Clinton. Le jour où Américains et Israéliens réaliseront que la poursuite de la colonisation nuit à Israël, alors peut-être cette situation inextricable trouvera-t-elle un début de solution.