Des supporteurs de Hillary Clinton lui tournant le dos pour faire un selfie aux côtés de la candidate. La photo, publiée dimanche par un membre de l’équipe de campagne de la concurrente démocrate, a été prise le 21 septembre par la photographe attitrée de Clinton. Elle a rapidement été reprise un peu partout, notamment par des détracteurs qui y voient une preuve de la déchéance de l’humanité. Ça marche comme ça sur Internet : une photo est drôle, tout le monde la commente, même les médias «traditionnels» et tout le monde donne son avis. En voici un de plus.
Ce cliché a été pris lors d'un meeting à Orlando, en Floride. Hillary Clinton est venue parler de handicap. Elle promouvait ce jour-là une «économie inclusive, qui accueillerait les personnes souffrant de handicap, valoriserait leur travail et les traiterait avec respect». Dans une salle annexe, les gens n'ayant pas pu rentrer ont eu la chance de croiser quelques instants la candidate qui leur a parlé. Tout au long de la campagne, de nombreux selfies ont été pris par des personnes de tous âges aux côtés des candidats. Jeb Bush, plus grand que la moyenne, avait même sa propre perche à selfie, raconte le New York Times.
«Un selfie permet à celui qui se photographie de prendre possession d'un lieu, d'un moment et d'un contexte. Les gens cherchent simplement à célébrer l'instant en se prenant en photo. Mais c'est aussi une façon d'être présent et d'affirmer au monde qu'on est quelque part», expliquait Danah Boyd, anthropologue spécialisée dans les comportements sur les réseaux sociaux. Il faut s'y faire : pour être de face sur une photo, si les deux personnes ne sont pas côte à côte, l'une tourne le dos à l'autre. C'est sûrement le dos d'un journaliste du Monde que Barack Obama et François Hollande ont vu pendant quelques secondes dans le Bureau ovale de la Maison Blanche.
Car c’est de secondes qu’il s’agit. La photo «symbole» n’est qu’un instantané parmi d’autres : les coulisses d’un selfie. Sur une photo prise un peu avant, on voit la foule se tourner vers la candidate - smartphone en main, on ne rencontre pas tous les jours une candidate à l’élection présidentielle - et l’écouter parler. La fin de notre époque n’a pas eu lieu le 21 septembre.