On le sait déjà, Donald Trump parle comme un enfant de 9 ans. L'automne dernier, le Boston Globe avait analysé le langage des prétendants à la Maison Blanche, démocrates et républicains, lors de leur discours de candidature. La méthode utilisée, le test Flesch-Kincaid, permet de déterminer la complexité d'un texte écrit en anglais en fonction du nombre de syllabes dans les mots utilisés et de la longueur des phrases. Sur ces deux critères, c'est Trump qui l'emporte (sur les 19 candidats alors en lice avant les primaires), avec l'utilisation des mots les plus courts, des phrases les plus courtes. Son langage, concluait le test, est accessible à un élève de CM1.
Il y a 7 mots dans le cerveau de Donald Trump, et @sethmeyers les connaît tous https://t.co/pXGYtGMAnl #debatenight pic.twitter.com/QKNPSCVlcn
— Isabelle Hanne (@isabellehanne) September 27, 2016
En 90 minutes de débat présidentiel, dont la première édition avait lieu ce lundi soir, Hillary Clinton et Donald Trump n'ont pas brillé par leur utilisation d'un anglais soutenu, ou d'un vocabulaire très élaboré. Sans doute pour montrer qu'ils sont proches de l'«ordinary American». Les deux candidats ont surtout martelé les mêmes mots. Il a beaucoup été question de «taxes» (impôts), de «money» (argent) et de «dollars», de «work» (travail), de «bureaucracy» (comme son nom l'indique), de «our country» (notre pays), de «leadership»… Pour appuyer son propos, Trump ne semble avoir à sa disposition qu'un seul adjectif, «tremendous» (phénoménal), qu'il met à toutes les sauces. Il n'empêche: certains mots ou expressions, répétés ou contrés par les candidats, ont résonné pendant les 90 minutes du débat.
«Stamina»
Dans la même phrase, Donal Trump a utilisé cinq fois le mot «stamina», concluant ainsi: «I don't believe that Hillary has the stamina». Devenu un véritable élément de langage du camp républicain, «stamina» signifie endurance, résistance. Le milliardaire fait évidemment référence aux récents problèmes de santé de la candidate démocrate, affaiblie par une pneumonie ces dernières semaines.
«Quand il aura voyagé dans 112 pays pour négocier des accords de paix ou des cessez-le-feu, il pourra me parler d'endurance», a répondu Clinton sans ciller, qui avait évidemment prévu l'attaque.
VIDEO: Trump questions Clinton's stamina for presidency at first debate. https://t.co/9S6nt5LXjX
— The Associated Press (@AP) September 27, 2016
«Stop and frisk»
Trump estime que Clinton se trompe quand elle dit que le «stop and frisk» («contrôle et fouille») n’a aucun impact. Cette mesure, mise en place par la police de New York notamment sous l’impulsion de l’ancien maire Rudy Giuliani, grand ami de Trump, permet aux policiers d’arrêter et de fouiller n’importe qui dans la rue, à la recherche d’armes ou de drogue. Peu efficace selon les statistiques, le «stop and frisk» a été jugé inconstitutionnel en 2013 par un tribunal fédéral, notamment à cause du très net profilage ethnique des personnes contrôlées que la mesure encourageait.
"Stop-and-frisk had a tremendous impact on the safety of NYC," Trump claims. #debatenight https://t.co/yRX4VwVdDm
— NBC News (@NBCNews) September 27, 2016
«Birther»
Le mot «birther» est apparu plusieurs fois, dans la bouche de Clinton, de Trump, et du modérateur Lester Holt lors du débat. De «birth», naissance, le mouvement «birther», difficile à traduire, fait référence aux anti-Obama, qui ont élaboré des théories conspirationnistes selon lesquelles le président sortant aurait donné de fausses informations sur sa naissance, ne serait pas citoyen américain et donc, n’aurait pas le droit de se présenter aux élections, encore moins de gouverner le pays.
Apparues dans des chaînes de mail anonymes en 2008, ces rumeurs ont largement été relayées par Donald Trump ces derniers mois. Pourtant, Obama a déjà produit son certificat de naissance en 2011 - mais de nouvelles allégations ont alors insinué qu'il s'agissait d'un faux… Depuis, le directeur de campagne du candidat Républicain, puis Trump lui-même, ont convenu que la naissance et la citoyenneté d'Obama étaient bel et bien établies. Lors du débat, le culotté milliardaire s'est dit «satisfait», s'attribuant le mérite d'avoir éclairci cette épineuse question. «Je crois que j'ai fait du bon boulot», a-t-il affirmé.
Pour Hillary Clinton, «le mensonge "birther" a été très blessant. Barack Obama est un homme très digne, et je peux vous dire à quel point ça lui a fait du mal.»
«Piggy bank»
Tout droit sorti de la bouche de Donald Trump au chapitre économique, «piggy bank» signifie «tirelire» (de «pig», cochon, la forme traditionnelle de l'objet, et «bank», économiser). «Ils sont en train de se servir de notre pays comme d'une tirelire pour reconstruire la Chine, et de nombreux pays font pareil, et on perd tous nos bons emplois», a déroulé le candidat républicain.
#PresidentialDebate| #Debates2016 #Debatenight #PlanstoCreateJobs #PiggyBank #Trump "Our jobs their going to Mexico" pic.twitter.com/seVikutTLI
— iAnggelo (@iAnggelo) September 27, 2016
«Trump loophole»
En anglais, «loophole» signifie «faille». Mais dans le contexte du débat, qui portait alors sur les importantes réduction d'impôts que propose Donald Trump, Hillary Clinton parlait ici de «niches fiscales».
«En fait, ce que vous proposez, c'est la niche fiscale Trump!, s'est exclamée la candidate démocrate. Ces réductions d'impôts profiteraient énormément à vos affaires et à votre famille.»
Le « Trump Loophole » #Debates2016 #DebatesNight #debates https://t.co/SVviNadp95
— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) September 27, 2016
«Bait and switch»
Ah, «bait and switch», c'est un peu la tuile à traduire. On vous propose une «publicité mensongère». «Bait» signifie «appâter, leurrer», et «switch», «passer vite à autre chose, zapper» (en gros). Selon Hillary Clinton, Donald Trump est un maître en matière de «bait and switch». Son esquive sur la question des impôts (voir «Trump loophole») est «un nouvel exemple de "bait and switch"», a-t-elle regretté.
Mention spéciale au modérateur Lester Holt, le présentateur star du JT de NBC, qui a lâché un très joli «admonish» («admonester»), à propos du public un peu trop dissipé et bruyant qu'il devait donc rappeler à l'ordre. Il a un peu relevé le niveau.