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Libération

«M. Al-Mahdi, le crime pour lequel vous avez été reconnu coupable [la destruction des mausolées de Tombouctou, ndlr] est très grave. […] La chambre vous condamne à neuf années de détention.»

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publié le 27 septembre 2016 à 20h31

C'est un verdict historique. Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont condamné mardi à neuf ans de prison le jihadiste malien Ahmad al-Faqi al-Mahdi pour avoir détruit en 2012 des mausolées classés au patrimoine mondial de l'humanité à Tombouctou. Il a été reconnu coupable, étant donné «sa participation directe à de nombreux incidents et son rôle en tant que porte-parole pour justifier les attaques dans les médias». C'est la première fois qu'un homme était jugé à La Haye exclusivement pour «un crime de pierre». L'accusation avait requis entre neuf et onze ans de détention, et la défense s'était engagée à ne pas interjeter appel si la peine restait dans cette échelle. Les juges ont retenu plusieurs circonstances atténuantes, dont son admission de culpabilité, sa coopération, son empathie pour les victimes et ses remords, ainsi que sa «réticence initiale à commettre les crimes». La condamnation de ce quadragénaire à petites lunettes constitue une grande avancée pour la défense du patrimoine, mais son procès laissera un goût amer aux ONG : Al-Mahdi est le seul jihadiste ayant fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour les exactions commises pendant l'occupation du Nord-Mali. Aucun autre «crime de sang» ne fait l'objet d'une procédure à ce jour.