«J’étais parmi les dizaines d’habitants qui attendaient mercredi matin devant la boulangerie du quartier Al-Maadi que le pain soit prêt. On échangeait nos lamentations et comparait nos calvaires respectifs quand on a entendu l’avion arriver. Mon voisin et moi étions debout à une vingtaine de mètres de la boulangerie et c’est ce qui nous a sauvés.
«Deux missiles sont tombés sur les gens attroupés juste devant. Je me suis trouvé couché à terre sans bouger. Heureusement, je n’étais même pas blessé. Mais tout autour de moi, des corps gisaient au sol ou étaient écrasés sous les décombres des magasins voisins.
«Le plus terrible à avouer, c’est que devant le spectacle horrifiant des morts et des blessés, j’ai eu un regard de regret pour le pain perdu. Des galettes de pain encore chaudes, trempées de sang et de poussière, étaient jetées sur la chaussée. Je me suis surpris à calculer l’énergie et le temps perdu par ceux qui avaient transporté la farine jusqu’à la boulangerie, puis le carburant qu’il a fallu pour le générateur qui fait tourner les fours électriques. Le siège et la pénurie sont-ils en train de nous arracher de notre humanité ?»
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