«Les socialistes sont au bord de l'abîme», s'exclamait mercredi soir Iñaki Gabilondo, journaliste vedette espagnol, connu pour sa bienveillance à l'égard du PSOE. Alors que l'Espagne vit une période d'instabilité (sans exécutif depuis neuf mois), la seule formation à même de débloquer la situation est au bord de l'implosion, ou en tout cas de la scission : le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), organisation centenaire qui, avec les conservateurs du Parti populaire (PP), a monopolisé le pouvoir depuis la fin du franquisme, vient de se fracturer. Au point que l'on ne sait plus qui dirige.
A l’issue d’une réunion au sommet, mercredi, 17 membres de la direction nationale ont désavoué leur leader, le secrétaire général Pedro Sánchez, économiste de 44 ans. D’après les statuts du PSOE, il devrait immédiatement démissionner et confier la «régence» à une direction intérimaire. Or Sánchez, aux manettes depuis 2014, s’accroche à son poste avec fermeté et acharnement. Depuis qu’il dirige le PSOE, le fringuant secrétaire général cumule les échecs. Lors des législatives de décembre, sa formation a perdu 1,5 million de suffrages, ne disposant plus que de 90 députés. Et après le scrutin de fin juin, elle a connu une autre hémorragie de 120 000 votes, pour 85 députés. Les pires résultats de son histoire.
Cette crise d’autorité inédite complique le panorama national. Vainqueur des législatives de juin d’une trop courte tête, le conservateur Mariano Rajoy a absolument besoin, en plus de l’appui des centristes de Ciudadanos, de l’abstention du PSOE pour diriger le pays. En l’absence de celle-ci, il lui est impossible de former un gouvernement. Mais vu les guerres intestines qui déchirent les socialistes, on ne voit pas comment le parti rival pourrait changer d’avis pour l’heure.