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Libération
Témoignages d'Alep

«Chehab, 7 ans, seul survivant de sa famille. Peut-il se réjouir d'avoir été sauvé ?»

Alepdossier
Libération a choisi de donner régulièrement la parole aux habitants de la ville syrienne. Ils racontent leur quotidien dans un pays enlisé dans une guerre sans fin. Aujourd’hui, Ammar, secouriste de la défense civile (Casque blanc).
Dans les ruines d'un immeuble d'Alep, le 3 octobre. (Photo Abd Doumany. AFP)
publié le 4 octobre 2016 à 16h32

«Un immeuble de trois étages du quartier de Bustan Al-Basha s’est effondré sur ses habitants après un raid aérien lundi à l’aube. On était cinq secouristes à arriver sur place pour lancer les recherches. De gros blocs de béton, tombés en mille-feuille rendaient l’accès très difficile. Il a fallu d’abord dégager à la grue les très gros morceaux, puis on a commencé à distinguer des formes humaines ensevelies sous les décombres. On a retiré le corps d’un premier homme, puis d’une femme et encore d’autres jusqu’à une dizaines de corps sans vie.

«Au bout de six heures de travail, on a entendu un gémissement. J’ai introduit ma lampe de poche ente deux blocs de pierre et aperçu les jambes d’un enfant. On lui a parlé, il a répondu qu’il s’appelait Chehab. Le plus menu d’entre nous s’est alors glissé jusqu’à l’enfant pour le sortir de sous les pierres.

Complètement sonné, le garçon de 7 ans ne comprenait pas où il était ni qui nous étions. On s’est mis à lui verser de l’eau fraîche sur la tête pour laver la poussière et le réveiller. Quand il a repris ses esprits, il a nous a dit qu’il dormait dans l’appartement avec ses parents et ses 4 frères et sœurs. Chehab était le seul survivant de sa famille. Comment peut-il se réjouir d’être sauvé ?»