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Histoire

Les diplomates américains se plaignent d'être harcelés en Russie

Depuis plusieurs mois, des diplomates américains dénoncent la pression croissante qu'ils subissent de la part du gouvernement russe.
[Archive] L'ambassade des Etats-Unis à Moscou, en 2001. (Reuters)
publié le 5 octobre 2016 à 9h32

La rupture des négociations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie sur la question syrienne, le 3 octobre, illustre les tensions croissantes entre les deux puissances depuis plusieurs années. Des tensions qui se répercutent durement sur les conditions de travail des diplomates dans les deux camps.

Des diplomates drogués

En 2013, le département d'Etat américain dénonçait, lors d'une inspection de l'ambassade des Etats-Unis à Moscou, en Russie, le fait que : «Les employés font face à une pression croissante de la part des services de sécurité russes, à un niveau jamais atteint depuis la guerre froide.» La situation s'est encore dégradée depuis, notamment à cause des sanctions imposées à la Russie par les Etats-Unis et l'Union européenne, en réponse à l'annexion de la Crimée, en Ukraine, par l'armée russe en 2014. Plusieurs diplomates se sont plaints du harcèlement des services de sécurité russes.

En novembre 2015, l'escalade continue. Deux diplomates américains, venus à Saint-Pétersbourg pour assister à une conférence des Nations unies sur la lutte contre la corruption, auraient été drogués, révèle Radio Free Europe/Radio Liberty. Le média raconte qu'un des diplomates drogués aurait été handicapé temporairement par le produit, décrit comme «la drogue du violeur», et admis dans un hôpital occidental. Mais, sur place, une soudaine panne d'électricité aurait empêché les équipes médicales d'identifier ce qui est arrivé au diplomate, affirme le gouvernement américain. C'était la première conférence officielle en Russie où des représentants américains avaient pu se rendre depuis la mise en place des sanctions en 2014.

Des déjections humaines sur un tapis

A la suite de ces événements et de multiples plaintes de diplomates américains en poste dans plusieurs pays européens, le secrétaire d’Etat John Kerry demande directement à Vladimir Poutine, lors d’une visite à Moscou en mars, de mettre fin à ce harcèlement. Sans succès.

Le 6 juin, un diplomate américain est agressé par un membre du FSB, les services de renseignement russes chargés de la sécurité intérieure, alors qu’il essayait d’entrer dans l’ambassade américaine à Moscou. Il aurait montré son badge d’identification au garde russe qui l’aurait tout de même attaqué au point de lui fracturer le bras.

Quelques semaines plus tard, le Washington Post détaillait, dans un article, différents épisodes rapportés par des diplomates américains en Europe dans des mémos secrets envoyés à Washington : «Les diplomates rapportent que des intrus russes sont entrés par effraction chez eux tard dans la nuit, pour changer de position les meubles du logement ou pour allumer toutes les lumières et les télévisions, puis partir.» Un diplomate aurait aussi décrit avoir trouvé des déjections humaines sur le tapis de son salon. Les représentants se disent suivis, avec leur famille, par des agents des services de sécurité russes, même lors de soirées privées.

Œil pour œil, dent pour dent

En réponse à ces accusations, Maria Zakharova, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a retourné la situation. Fin juin, elle affirmait qu'«au contraire, la pression augmente sur les diplomates russes». Washington «ajoute constamment de nouvelles restrictions contre nos diplomates, qui sont confrontés constamment à des provocations du FBI et de la CIA».

Les Etats-Unis, en protestation contre l’attaque de leur employé, ont renvoyé deux diplomates russes en poste dans le pays. Moscou a renchéri en renvoyant deux diplomates américains, dont celui qui a été attaqué devant l’ambassade, les accusant d’être des agents de la CIA.

Début juillet, quatre sénateurs républicains, dont Marco Rubio, ancien candidat à la primaire républicaine et représentant au Sénat de la Floride, se sont jetés dans la mêlée en demandant à Obama, dans une lettre, de rappeler «immédiatement» l'ambassadeur actuellement en poste à Moscou, John F. Tefft. Ils réclament aussi des sanctions contre les personnes ayant porté atteinte aux diplomates et que «soient désignées persona non grata les employés de l'ambassade russe aux Etats-Unis».