Menu
Libération

L’Allemagne a du mal à honorer ses héros syriens

publié le 12 octobre 2016 à 20h21

Les Syriens vivant en Allemagne sont très actifs sur les réseaux sociaux. Et c’est grâce à eux qu’a pu être arrêté Jaber Albakr, dans la nuit de dimanche à lundi. Ce Syrien de 22 ans, traqué tout le week-end par la police allemande, a finalement été neutralisé par trois compatriotes.

Samedi, Albakr échappe de peu aux enquêteurs venus perquisitionner son domicile à Chemnitz (ex-RDA), laissant derrière lui 1,5 kg d’explosif. On retrouve sa trace le dimanche soir, à la gare de Leipzig. Albakr aborde un compatriote. L’homme accepte de l’héberger pour la nuit et lui rase les cheveux. Albakr dort déjà lorsque son hôte le reconnaît : c’est l’homme le plus recherché du pays. Aidé de deux voisins syriens, il ligote alors le jihadiste avec un câble électrique et se rend dans un commissariat où il montre la photo du prisonnier. Albakr est alors arrêté.

«Que ce soient des Syriens qui aient arrêté Albakr est très important pour nous», se félicite Monis Bukhari, un blogueur qui a fondé le plus important groupe Facebook de Syriens d'Allemagne (152 000 membres). Lorsqu'il apprend la traque d'Albakr, il la relaye aussitôt sur sa page. Tout comme Allaa Faham, 19 ans, et Abdul Abbasi, 22 ans, deux blogueurs qui ont créé le groupe German Lifestyle (90 000 fans). «C'est notre devoir, explique Allaa Faham. Ce pays a tellement fait pour nous ! Nous avons fui le terrorisme et ferons tout notre possible pour que la terreur n'ait pas de place ici.»

L’histoire conduira-t-elle les Allemands à mieux accepter les réfugiés syriens ? Le ministre de l’Intérieur n’a pas publiquement félicité les trois hommes, et les appels à leur décerner la croix du Mérite, la plus haute distinction de l’Etat, restent modestes. Même si Angela Merkel, alors en tournée en Afrique, est la première à avoir remercié publiquement les hommes pour leur intervention.