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Libération
Isolement

Et paf, les Maldives ont quitté le Commonwealth

Lassé des critiques de l'organisation sur ses atteintes répétées aux droits de l'homme, le gouvernement a préféré se retirer.
L'île de Male, la capitale des Maldives, en septembre 2013. (Photo Roberto Schmidt. AFP)
publié le 14 octobre 2016 à 19h45

Même l'ancien dictateur Maumoon Abdul Gayoom s'est ému de la décision de son demi-frère, au pouvoir depuis 2013, de quitter le Commonwealth : «Dans le passé, le soutien du Commonwealth a été vital pour aider les Maldives à surmonter ses vulnérabilités. L'isolement ne va pas résoudre nos problèmes.»

Depuis quelques semaines, le gouvernement d’Abdulla Yameen, agacé des critiques répétées de l’organisation sur ses atteintes aux droits de l’homme, avait prévenu qu’il était prêt à sortir l’ancien protectorat britannique de l’organisation, qui compte 53 membres. Vendredi, les partis d’opposition et nombre d’institutions internationales déploraient cette sécession.

Exercice autocratique du pouvoir

Bien que le gouvernement invoque un «traitement injuste», la vérité est que depuis trois ans, l'archipel de 350 000 habitants dérive de plus en plus vers un exercice autocratique du pouvoir. En 2012, l'ancien président Mohammed Nasheed, démocratiquement élu après des décennies de dictature, devait démissionner sous la pression d'une partie de l'armée et de la police. Remplacé par Yameen à la suite d'élections très controversées, ce dernier multiplie depuis les atteintes aux droits de l'homme.

Arrestations arbitraires jusqu'au plus haut sommet du gouvernement – deux vice-présidents ont été accusés de trahison en quelques mois, et deux ministres de la Défense envoyés derrière les barreaux -, pressions sur les médias, condamnation de l'ancien président Nasheed à treize ans de prison pour «terrorisme» (ce dernier a depuis profité d'un séjour médical en Grande-Bretagne pour monter une grande coalition en vue des élections de 2018), disparition d'un journaliste critique… Empêtré, de surcroît, dans un immense scandale de corruption, Yameen a semble-t-il choisi de s'isoler encore un peu plus sur la scène internationale.