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Libération
Récap vidéo

La semaine où... l'élection américaine s'est enlisée dans les polémiques

Une vidéo sexiste, des témoignages de femmes victimes de harcèlement sexuel et un rebondissement dans l’affaire des e-mails. A moins d'un mois du scrutin, les principaux candidats à l'élection présidentielle, Donald Trump et Hillary Clinton, sont dans la tourmente.
La candidats à l'élection présidentielle américaine, Hillary Clinton et Donald Trump, le 9 octobre. (Photo Paul J. Richards. AFP)
publié le 15 octobre 2016 à 10h35

Premier incident en date : la diffusion, vendredi 8 octobre, d'une vidéo datant de 2005 sur le site du Washington Post. Sur les images, accablantes, le candidat républicain affirme pouvoir faire «ce qu'il veut» avec les femmes, dans un langage obscène. Les propos suscitent l'indignation générale, y compris dans le camp républicain.

Alors que des milliers de femmes s'indignent et répondent à cette vidéo en racontant sur Twitter leur première agression sexuelle, Hillary Clinton se retrouve, elle aussi, dans la tourmente. WikiLeaks publie ce même vendredi des milliers de messages piratés du compte personnel Gmail de John Podesta, le président de son équipe de campagne. Pas de révélations tonitruantes, certes, mais la fuite massive lève le voile sur les secrets de fabrication de la candidate démocrate.

C’est dans ce climat que s’ouvre, dimanche, le second débat télévisé de l’élection présidentielle. La cordialité n’est pas au rendez-vous (pas même pour se serrer la main). Les attaques, elles, sont personnelles. Donald Trump choisit de mener sa contre-offensive en mettant l’accent sur les frasques sexuelles de l’époux de son opposante, Bill Clinton, tout en minimisant les accusations de harcèlement sexuel qui le visent. Hillary Clinton s’engouffre dans cette brèche et dénonce le comportement du sulfureux candidat. L’affaire des e-mails surgit elle aussi. Le milliardaire américain promet de nommer, s’il est élu, un procureur spécial pour mener l’enquête. Les coups bas s’enchaînent, offrant un triste spectacle aux citoyens américains.

L'impact de la vidéo du Washington Post ne faiblit pas. Les ténors du Parti républicain lâchent Donald Trump. Le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, annonce à des élus de son parti qu'il «ne défendrait pas ou ne ferait pas campagne» pour le milliardaire. Un désaveu difficile à digérer.

Alors que le parti de Donald Trump semble menacé d'implosion, le président des Etats-Unis continue à faire campagne pour Hillary Clinton. Lors d'un meeting mardi soir à Greensboro, en Caroline du Nord, Barack Obama est revenu sur la vidéo sexiste du milliardaire américain, lançant une pique au colistier de ce dernier, Mike Pence. «Nul besoin d'être un mari ou un père pour dire que ce n'est pas bien. Il suffit d'être un être humain décent pour le savoir», a-t-il fustigé, appelant les citoyens américains à s'inscrire sur les listes électorales. Mike Pence avait réagi samedi dans un communiqué à la vidéo de Donald Trump : «En tant que père et mari, j'ai été offensé par les mots et actions décrites par Donald Trump.»

Le deuxième coup de massue tombe mercredi : le New York Times publie les témoignages de deux femmes victimes d'attouchements sexuels de la part de Donald Trump. L'équipe du candidat républicain réfute aussitôt, dénonçant de la pure diffamation, ce que rejette le New York Times. Le même jour, plusieurs participantes au concours de beauté Miss USA, dont Trump a été le propriétaire de 1995 à 2016, ont déclaré à Buzzfeed News et NBC avoir été sujettes à des comportements inappropriés du candidat républicain.

Wikileaks continue de son côté à publier par vagues des milliers de mails, dont certains révèlent les propos peu chaleureux de plusieurs assistants de campagne d’Hillary Clinton à l’égard des catholiques.

Contrairement à Donald Trump, abandonné par une partie de son camp politique, la candidate démocrate reçoit quelques bonnes nouvelles. Après le New York Times, le Washington Post annonce lui aussi soutenir l'ex-secrétaire d'Etat, qui semble aussi pouvoir compter sur l'actuelle première dame des Etats-Unis.

Dans un discours très remarqué lors d'un meeting de soutien à Hillary Clinton jeudi dans le New Hampshire, Michelle Obama a mené une fronde charismatique contre Donald Trump. «Quel que soit le parti auquel on appartient, démocrate, républicain ou indépendant, aucune femme ne mérite d'être traitée de cette façon. Personne ne mérite ce genre d'injures», a-t-elle lancé. «Il ne s'agissait pas de discussions de vestiaire [l'excuse avancée par Trump, ndlr]. Il s'agissait d'un homme puissant s'exprimant librement et ouvertement sur un comportement de prédateur sexuel. […] Ce n'est pas normal. Ce n'est pas la politique telle qu'on l'entend. C'est honteux. C'est intolérable.»