Mèche volatile, sourire charmeur et communication léchée, Justin Trudeau fascine. A 44 ans, le Premier ministre canadien fête sa première année à la tête de la dixième puissance mondiale. Elu le 19 octobre 2015, ce «fils de» a été propulsé au pouvoir en promettant un vent de renouveau dans un pays engourdi durant une décennie par le conservateur climatosceptique Stephen Harper. Trudeau a, pour l'instant, réussi son pari : une large majorité de Canadiens approuvent sa politique (lire page 4). Cette popularité a été conservée au prix de bains de foules et de selfies frénétiques, malgré des annonces surprise et une pression sur les gouvernements provinciaux. Mercredi dernier, le Premier ministre a ainsi accusé les provinces d'utiliser l'argent des transferts de santé fédéraux à d'autres fins, telles que «des coupures d'impôts» [des baisses, ndlr] ou «pour aider les entreprises». S'attirant une réponse cinglante du Québec. Une étonnante manière de souffler sa première bougie. Tout cela pour justifier une division par deux de ces transferts fédéraux. Cette politique de restrictions budgétaires semble risquée au moment où la croissance canadienne a été revue à la baisse une nouvelle fois, début octobre, par le Fonds monétaire international : de 1,4 % à 1,2 % cette année et de 2,1 % à 1,9 % en 2017. En 2015, elle était déjà de 1,1 %.
Le libéral Trudeau peine à se débarrasser de l'héritage de son prédécesseur. Parfois, il n'essaye même pas (lire page 5). Depuis une quinzaine de jours, rompant avec ses habituels sourires et courbettes, il muscle son discours. Alors que se discute, ce mois-ci, l'avenir du traité de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Canada - le fameux Ceta -, il fait tout pour qu'il soit appliqué de manière accélérée d'ici la fin de l'année. Ce passage en force commence à inquiéter de nombreux citoyens européens, mais aussi canadiens. Le 11 octobre, le député européen José Bové, voyageant au Canada pour un rassemblement anti-Ceta, a ainsi failli se faire expulser.
Justin Trudeau, qui espère signer le traité le 27 octobre lors de sa venue à Bruxelles, n’est pas au bout de ses peines : le Conseil des ministres de l’UE devait décider du passage anticipé du traité mardi, mais le vote a été repoussé à vendredi devant l’opposition de plusieurs Parlements wallons. Le jeune Premier ministre s’apprête donc à prendre des décisions moins consensuelles, qui pourraient être fatales pour son image.