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Libération

Sandra Lhote Fernandes : «Malgré les lobbys, les députés ont pris une décision historique.»

Sandra Lhote Fernandes, d’Oxfam France après les amendements votés sur la taxe sur les transactions financières
publié le 20 octobre 2016 à 20h21

Et si c’était la bonne ? Certes, il reste quelques paliers à franchir. Et des anicroches de dernière minute sont à craindre. Mais le fait, positif, est trop rare pour ne pas être souligné. A deux reprises et dans un laps de temps assez concis, des ONG se montrent rassurantes sur ce serpent de mer qu’est devenue la taxe sur les transactions financières (TTF) européennes.

La première fois, ce fut il y a à peine une dizaine de jours. La fameuse TTF ne semble plus être un objet de discorde entre ces dix pays de l’UE qui ne cessent de discourir depuis cinq ans sans jamais être à l’unisson. Alors, forcément, la dernière réunion sur le sujet était vouée à l’échec. Les Cassandre en ont été pour leur frais. De brouille, il n’y eut. Reste à conclure politiquement cette nouvelle entente. Rendez-vous a donc été fixé pour le 6 décembre.

La seconde fois remonte à la nuit de mercredi à jeudi, à l'Assemblée nationale. Contre l'avis du gouvernement, les députés ont décidé d'élargir l'assiette de la TTF aux opérations les plus spéculatives, dites intradays. Ce sont ces opérations qui font tourner la tête à la finance et se dénouent plusieurs fois le temps d'une journée. Soit l'une des formes les plus développées de la spéculation. C'est dans le cadre des discussions parlementaires relatives au projet de loi de finance 2017 que les députés - de la majorité pour l'essentiel - avaient déposé trois amendements sur la TTF déjà adoptée en France depuis deux ans, et qui «rapporte» environ 1 milliard d'euros.

Les députés ont adopté deux amendements indissociables. Le premier prévoit de faire passer le taux de taxation des actions et opérations d'intradays de 0,2 % à 0,3 %. Au bout du compte, l'augmentation du taux conjuguée à l'élargissement de l'assiette de taxation pourrait rapporter au budget de la nation près de 4 milliards d'euros. Certes, ces deux amendements ont été adoptés. «Mais rien n'empêche le gouvernement de […] détricoter ce qui était sur le point de prendre forme», explique-t-on à la coordination SUD. Méfiance donc. Les banques françaises craignent que certaines mesures nuisent à l'attractivité de Paris, alors qu'elles espèrent avec le Brexit capter une partie des activités de marché réalisées à Londres.