Donné perdant par les sondages, les médias et même les caciques du Parti républicain, que fera Donald Trump une fois battu ? La presse américaine émet l'hypothèse que le milliardaire va construire un empire médiatique d'extrême droite, aux Etats-Unis et au-delà. Une rumeur qui n'est pas dénuée de fondements : après tout, Trump doit une grande partie de sa célébrité à l'émission de télé-réalité The Apprentice.
Néanmoins, le signe le plus concret de cette reconversion reste sa décision de confier les rênes de sa campagne à Stephen Bannon, ancien de Goldman Sachs et directeur de Breitbart. Cet influent site d’extrême droite, au style trash et décomplexé, est devenu la vitrine du mouvement «alt-right», la frange suprémaciste et complotiste de la droite américaine.
Au détour d'un portrait fouillé de Stephen Bannon, le New Yorker affirme que Breitbart devrait ouvrir des bureaux en France et en Allemagne une fois la présidentielle terminée. Cette ambition internationale n'est pas surprenante. Le site conservateur lancé par Andrew Breitbart en 2005 est devenu, après le décès de son fondateur en 2012 et sa reprise en main par Bannon, un aimant à populistes. Il promeut notamment un ethno-nationalisme blanc et «européanisé» dans tout l'Occident, inspiré par la Nouvelle Droite française. Selon le Financial Times, Jared Kushner, le gendre de Donald Trump et propriétaire de The New York Observer, aurait multiplié les contacts avec «les plus importants intermédiaires de l'industrie» en vue de lancer un média «trumpiste» après l'élection. Malgré les dénégations officielles de Bannon et Trump, le spectre d'une «Trump TV», au sein d'un consortium dont Breitbart pourrait faire partie, est une possibilité bien réelle, selon de nombreux observateurs du secteur.