Menu
Libération

Cisjordanie : colons décomplexés au «marathon de la Bible»

publié le 21 octobre 2016 à 19h11

Yael Snil, résidente de Psagot, une colonie au nord de Jérusalem, venue participer à la deuxième édition du marathon de la Bible, en Cisjordanie, annonce fièrement : «Je suis venue courir parce que, plus que jamais, nous avons besoin de montrer que c'est notre terre, pour lutter contre la pression internationale.» Les organisateurs affirment que 2 000 personnes participaient aux courses, dont beaucoup sont des habitants des colonies israéliennes de Cisjordanie, jugées illégales par la communauté internationale.

Les colons sont décomplexés. Des civils en armes déambulent sur la terre ocre - le permis de port a été facilité il y a un an, après une vague d’attaques. Depuis, les affrontements entre Palestiniens et Israéliens restent fréquents. Mais, ici, l’ambiance se veut joyeuse : des bataillons de poussettes se faufilent entre des ateliers pour enfants et des étals qui vantent les vins produits par les colonies.

Ces dernières semaines, plusieurs événements ont néanmoins inquiété les colons. Mercredi, les Palestiniens ont demandé au Conseil de sécurité des Nations unies «d'assumer ses responsabilités» et de forcer Israël à mettre fin à la colonisation. De précédentes tentatives s'étaient heurtées au veto américain. Le soir même, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, disait craindre que Barack Obama ne profite des dernières semaines de son mandat pour soutenir des initiatives contre les intérêts israéliens, comme le serait une résolution condamnant les colonies.

Les colons se sont aussi mobilisés pour défendre leur cause, particulièrement celle d'Amona, où vivent 300 Israéliens. La Cour suprême israélienne a décidé que cette colonie sauvage, illégale selon le droit international et israélien, devait être détruite avant la fin de l'année, puisqu'elle a été construite sur des terres privées palestiniennes. «Je n'ai pas peur. Qui a raccordé Amona à l'électricité, à l'eau, au réseau de routes ? C'est l'Etat ! Même si c'est un investissement qui peut parfois paraître compliqué pour l'Etat israélien, les colonies sont le meilleur choix à faire», juge Israël Ganz, chef adjoint du conseil régional de Binyamin (ensemble de colonies du centre de la Cisjordanie).

La ligne d'arrivée du marathon se trouve au pied de la colonie Shilo. Récemment, les autorités israéliennes ont validé la construction de 98 nouveaux logements en marge de celle-ci. Une décision condamnée (entre autres) par la France. Mais pour Lorraine Skupsky, la ville de 3 400 habitants évoque tout autre chose. Alors qu'elle termine le marathon, cette sexagénaire d'origine américaine qui vit à Jérusalem depuis dix ans s'enthousiasme pour Shilo qui fut «une capitale du royaume d'Israël».