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Libération
Témoignage

«On a embelli notre environnement lugubre»

publié le 23 octobre 2016 à 19h31

«Libération» a choisi de donner régulièrement la parole aux habitants d’Alep. Ils racontent leur quotidien dans une Syrie enlisée dans une guerre sans fin. Aujourd’hui, Rasha, 22 ans, institutrice bénévole : «Les bombardements ont repris dans la soirée de samedi à Alep, et tout le monde est retourné dans les abris. La peur et l’horreur reviennent mais on a bien profité des quatre jours de trêve. Avec un groupe de jeunes animateurs civils, on a eu l’idée de mobiliser les enfants de notre rue pour embellir notre environnement lugubre. On s’est tous mis à faire des dessins et des peintures au bas des murs restants des immeubles détruits. On a récupéré au fond d’une cave de l’école où j’enseignais des pots de peinture. Puis on a complété le matériel chez un droguiste du souk qui nous a offert d’autres pots. Les enfants du quartier étaient une vingtaine, de 5 à 15 ans, garçons et filles, à prendre chacun un pinceau et une couleur. Certains ont réussi à dessiner des arbres, des visages et des maisons tandis que les plus petits complétaient par de beaux gribouillages aux couleurs éclatantes. Puis un groupe d’enfants s’est lancé sur la carcasse calcinée d’un vieil autobus qu’ils ont peinte. Ils en ont fait un vrai décor puis sont montés jouer et chanter sur le bus. On a passé ensemble plusieurs jours à ce qu’on a appelé "l’atelier de décoration des ruines d’Alep". Les enfants ont adoré. Les plus grands aussi.»

Photo Abou Taym al-Halabi. capture Aleppo Media Center