Dans la nuit de lundi à mardi, un commando a semé la terreur cinq heures durant dans le dortoir de l’école de police de Quetta, dans l’est du Pakistan, faisant au moins 61 morts et 165 blessés parmi les étudiants. Selon les témoins, trois assaillants masqués ont abattu le gardien puis tiré méthodiquement dans les chambres et pris des otages. Lors de l’assaut des forces de l’ordre, deux kamikazes se sont fait exploser, et le troisième a été abattu par la police. L’académie de police se trouve à une soixantaine de kilomètres de la frontière afghane, dans la province du Balouchistan, une des plus instables du pays et fief taliban.
Qui est derrière cette attaque ? La confusion règne. Un général a accusé un groupe extrémiste islamiste, Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), sur la base d'écoutes «prouvant que les trois assaillants recevaient leurs ordres d'Afghanistan». Le LeJ, groupe terroriste sunnite originaire de la province du Pendjab, n'en est pas à sa première attaque dans le Balouchistan. Le gouverneur de la province affirme que la ville de Quetta était en alerte depuis quelques jours grâce à ces écoutes. Mais l'attaque a été revendiquée ensuite par une faction locale des talibans pakistanais (TTP), puis par l'Etat islamique.
L’armée a toujours taxé les revendications de l’EI de propagande, assurant que l’organisation n’avait pas pris pied dans le pays, où elle peinerait à fédérer. La revendication, très rapide, pourrait être une sorte de «patronage» opportuniste, alors que l’EI fait face à l’offensive internationale à Mossoul. Bien que prudente, la presse pakistanaise place plutôt cette attaque dans la longue liste des actions des talibans qui ensanglantent le pays depuis des années.
Photo BANARAS KHAN. AF